Mon titre résume à peu près l'histoire que raconte ce film. Je ne le commenterai pas davantage dans le reste de ma critique, pour ne pas trop en dire sur le scénario et sa conclusion.
Ceci étant, le pitch donné par la fiche technique de Le Capitaine Volkonogov s'est échappé est, comme souvent, excellent. Je ne l'avais pas lu avant de voir le film. Je n'avais même pas lu l'accroche en haut de l'affiche : "1938. Staline purge ses propres rangs". Ça ne m'a pas du tout empêché de comprendre la trame générale du film, mais à première vision, j'ai raté certains détails. J'ai mieux apprécié le film la seconde fois.
Il faut dire que l'Occidental moyen que je suis connaît assez mal l'histoire politique de l'URSS, notamment celle concernant les années 1930 pendant lesquelles Staline prend le pouvoir décidément et... y restera jusqu'au début 1953. Malgré cette semi-ignorance, j'ai suivi sans problème le film et l'ai goûté d'emblée. À la va-vite la première fois, mais à la seconde, j'ai réalisé que, mieux que bon, ce long métrage signé Natasha Merkulova et Aleksey Chupov (jamais entendu parler d'eux avant) était un des tout meilleurs films vus ces derniers mois (et j'en vois beaucoup).
Le film dure 125 minutes. Il est captivant de bout en bout. On a beau se dire que c'est du cinéma, une reconstitution historique de cette période de grande purge politique en URSS, à Léningrad / Saint-Pétersbourg, un peu avant l'éclatement de la Deuxième Guerre Mondiale, on est pris par cette histoire, on est emporté par elle, par la fuite éperdue et désespérée de ce jeune capitaine du NVKD (la police politique de l'URSS stalinienne de ces années-là) qui, parce que le suicide par défenestration d'un supérieur hiérarchique l'a alerté sans qu'il soit autorisé à en parler, réalise avant ses "collègues" que la purge politique aveugle, dont ils avaient été les instruments, était en train de se retourner contre eux et que "les autorités" avaient décidé de les éliminer comme des outils tachés de sang dont il faut se débarrasser. Il comprend qu'il doit fuir, fuir toute affaire cessante, sur le champ. Et tout de suite, il est une bête traquée, ne pouvant compter sur personne.
Vers le milieu du film, il y a un quart d'heure d'anthologie, au moment où, ayant revêtu des habits civils pouilleux pour ne pas se faire repérer, Volkonogov est pris dans une rafle et chargé, avec d'autres "camarades" d'infortune, de jeter dans une fosse commune les corps sans vie d'un plein camion de "purgés" politiques et qu'il se trouve confronté au frais cadavre de son subordonné et meilleur ami 'Kiddo' Veretennikov, qu'il a quitté il y a à peine quelques heures sans l'avoir prévenu de sa désertion. Il se remémore alors une scène du temps où tout allait bien pour eux et qu'ils chantaient et dansaient ensemble le fameux classique russe connu en France comme "Plaine, ma plaine... Plaine, mon immense Plaine". Cette scène et les quelques minutes qui suivent (et qui représentent un tournant dans le scénario) sont magnifiques, époustouflantes. Et rien que pour elles, j'ai envie de retourner voir ce film une troisième fois.
Le film se passe entièrement à Léningrad / Saint-Pétersbourg et a dû (?) être tourné sur les lieux, mais depuis sa sortie sur les écrans, il est interdit en Russie, bien qu'il dénonce des faits s'étant déroulés il y a 85 ans (qui ne sont peut-être pas sans rappeler le climat y régnant aujourd'hui).
Le casting est excellent. Les acteurs sont de vrais Russes, ils ont l'âme russe. Ils personnifient des militaires à la fois policiers (aux méthodes criminelles), grands enfants sportifs (la scène d'ouverture nous les montre jouant au ballon dans une salle aux vastes proportions d'un ancien palais des Tsars de Russie) et même artistes idéalistes (quand ils chantent et dansent virilement leur hymne nostalgique vantant les plaines immenses de leur pays). Les décors intérieurs et extérieurs sont aussi très réussis ; ceux de la deuxième partie du film m'ont un peu rappelé le climat (infernal) de The House That Jack Built de Lars von Trier.
Ma critique donne en toute sincérité mais de façon assez abrupte mon sentiment sur ce très beau long métrage. Un autre site ciné en fait la présentation détaillée, je vous l'indique à tout hasard https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000017792.html