Il semble assez peu probable que Le capitaine Volkonogov soit diffusé sur les écrans russes, eu égard à l'implacable démonstration de l'horreur de cette terreur rouge de 1938, orchestrée par Staline, et considérant que le parallèle avec la situation actuelle, du côté de Moscou, ne peut être empêché. Le film adopte un style étrange, de fausse dystopie, dans une atmosphère dostoïevskienne agrémentée d'une touche de fantastique. Il n'est pas de tout repos, voire même insoutenable à certains moments, mais d'une intensité permanente autour de ce capitaine impliqué dans les purges et à la recherche d'une hypothétique rédemption. Dans un Leningrad fantomatique et sinistre, le film se caractérise notamment par de très violents flashbacks et une intrigue parallèle, avec le poursuivant de Volkonogov, élément narratif sans doute le moins concluant. Mais l'ensemble est visuellement ébouriffant et tient en haleine, moins par son côté thriller que par la quête désespérée de son héros, qui ne se prénomme pas Fiodor par hasard. Pas mal de titres de l'écrivain pourraient d'ailleurs convenir au film du duo de réalisateurs Natalya Merkulova et Aleksey Chupov : Crime et châtiment, Les pauvres gens, Humiliés et offensés, Souvenir de la maison des morts, Les carnets du sous-sol, Les démons, etc.