Ce n'est pas sans nostalgie que je me suis repenché sur ce vieux film de cape et d'épées. C'est même forcément en très grande partie nourri de ce désir un peu régressif de retrouver par le biais des images et des voix une part de mon enfance cinéphagique que j'avais acheté ce dvd (édition Atlas, n°1, à pas cher). Et c'est encore essentiellement sur cette simple donnée chargée d'émotions et d'affects venus du fin fonds de ma mémoire que s'est forgé le petit plaisir de revoir ce film.

Car enfin, il ne faut pas se leurrer, la qualité cinématographique du film n'est pas aisée à mettre en lumière.
Le scénario pas bien compliqué est filmé d'une manière la plupart du temps très conventionnelle, pépère. Quelques plans mettent bien en valeur le travail physique de Jean Marais qui exécute le plus gros de ses cascades. Les séquences de l'escalade du château, sous l'oeil d'un Bourvil inquiet et sous les réverbérations d'un beau lac bleu sont les plus impressionnantes. Le reste est dévolu à des bavardages plus ou moins barbants, à un ou deux numéros musicaux de Bourvil assez charmants mais qui paraissent ajoutés au récit d'une manière trop artificielle, et puis également à quelques combats à l'épée mous du genou (20 ans auparavant les films de Curtiz étaient 100 fois plus bandants). Bref, pas de quoi pavoiser, ni de rougir de honte. Il s'agit d'un cinéma de cape et d'épées des années 50, plein de couleurs, aux décors majestueusement agencés et historiquement à peu près fidèles à l'époque décrite, un cinéma consciencieux populaire doté d'une franchouille d'un autre temps. Je ne suis pas sûr qu'un Bourvil aujourd'hui pourrait clamer qu'il ne veut pas "se casser un abati" sans laisser le spectateur dans un marécage d'incompréhension.

J'ai apprécié la tenue des deux comédiens principaux, Jean Marais et Bourvil. Ce dernier se contente de jouer le Bourvil des cafés concerts qui ont fait sa fortune (la bonne) mais Jean Marais apporte une touche d'émotion et de justesse que j'avais complètement oubliée.

Dommage que l'édition dvd soit aussi merdique : couleurs passées, ternes, une fluidité erratique avec des saccades accentuées par l'intraitabilité de l'écran LCD. Je crois avoir perçu des entrelacements (je ne sais si c'est le terme adéquat, m'enfin vous savez ces hachures qu'on perçoit mieux à l'arrêt).

Quoiqu'il en soit, j'ai pris un pied terrible à retrouver ces fameuses faces, ces trognes du cinéma français, que l'on connait, mais sur lesquelles on est infoutu d'accoler un nom, ou alors au prix d'un combat atroce contre le foutoir de la mémoire. Florilège sur mon blog.
Alligator
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le 23 févr. 2013

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