Film totalement oublié de Jean-Paul Le Chanois, Le cas du docteur Laurent s'avère pourtant très agréable à regarder. Malgré un flegme très nettement perceptible de Jean Gabin, la simple présence de l'acteur devant la caméra suffit à nous combler.
Il faut tout de même le souligner, si le médecin Gabin transperce à ce point l'écran, c'est aussi parce qu'il est le seul véritable acteur sur le plateau. Si le jeu des actrices n'est pas mauvais, on ressent encore trop le poids du théâtre dans leurs postures ou leur diction. Pourtant, cela n'a rien d'agaçant et les répliques s'enchaînent avec plaisir. Évidemment, les dialogues sont efficaces et d'une très grande pertinence. C'est sûrement la plus grande force du film.
Si le scénario est tout à fait solide et parvient à nous convaincre sans problème, le film est tout de même marqué par un important didactisme. Le sujet principal, à savoir l'accouchement sans douleur, est défendu avec une très grande sincérité mais le spectateur actuel peut avoir quelques difficultés à saisir la gravité des enjeux. Au moins ce plaidoyer pour le progrès a le mérite de rappeler au français du XXIe siècle combien son pays est miné depuis longtemps par les croyances débiles et autres positions conservatrices d'une bêtise crasse. Sur ce point, le film est d'un très grand intérêt et justifie pleinement d'être revu.
S'agissant de la réalisation stricto sensu, on peut noter une réalisation efficace. Malgré une mise en scène minimaliste qui ne semble pas avoir été véritablement travaillée, les scènes s'enchaînent sans que l'ennui se fasse pressentir et le spectateur s'immerge très rapidement au sein de cette petite bourgade au cœur des montagnes, attachée à ce que rien ne bouge.
On retrouve tout de même quelques scènes marquantes à l'image de ce conseil de l'ordre des médecins pendant lequel les répliques cinglantes fusent à chaque intervention. Malgré le didactisme omniprésent tout au long du récit, le réalisateur parvient à traiter avec légèreté un sujet qui devait pourtant être à l'époque d'une importance primordiale pour ces femmes condamnées à souffrir.