Capitaine America sans collant

Très certainement le meilleur film de Eastwood que j'ai vu jusque là. On sait à quel point la thématique du héros est importante chez le réalisateur du Cas Richard Jewell, les phénomènes et les institutions qui les fabriquent - celles qui trois jours plus tard les rouleront dans la boue. De ce point de vue là, ce film se rapproche de Sully, mais arrive à donner un aspect plus humain à son personnage là où il en manquait chez le pilote (qui est clairement mieux interprété que Sully par Tom Hanks).

Alors voila, on a à faire à un mec pas forcément brillant, certainement un peu homophobe sur les bords, qui développe par ailleurs une passion un peu trop dérangeante pour la police et l'autorité, qui a des méthodes plus que douteuses quand il s'agit de reprendre une bande d'étudiants qui boivent de la bière entre copains. Et pourtant, il reste dévoué, essaye de remplir correctement son job, peut être un peu trop d'ailleurs, mais c'est ce qui lui permettra de limiter les dégâts d'un attentat à la bombe. Et quand les médias semblaient le porter aux nu, la machine se retourne, l'état et la police pour lesquels il vouait un culte se dressent contre lui avec pour seul élément à charge de n'être qu'un héros pas assez parfait. On ressent tout le long du film cette pesanteur de l'appareil judiciaire et médiatique qui se met en branle pour briser la vie d'un homme, phénomène d'autant plus émouvant quand on sait que cet homme avait une confiance aveugle dans les forces qui s'échinent à le détruire. Clint Eastwood arrive parfaitement à saisir, tout au long de son film, toute les ambiguïtés du statut de héros, non pas celui d'un super-héros fantasmé, mais celui d'un homme ordinaire, banalement imparfait et qui finira par nous toucher par son humanité.