Premier Ken Loach pour ma part et, aux vues de la réputation du bonhomme, je m'attendais à un film débordant de bons sentiments et d'humanisme ; sur ce point le film rempli son contrat, peut être même avec un peu trop de ferveur. Parce que tout le monde aura remarqué son plus grand défaut, sa niaiserie, son manque de subtilité et son côté tire larme qui est franchement lourd. Les dialogues ne sont pas forcément bien écrits, on entrevoit souvent bien plus le message que l'on veut nous faire passer que la réelle personnalités des personnages.
Mais malgré ça, le réalisateur fait un pari intéressant en tournant ses caméras sur ce petit bourg, dans lequel tout dépérit depuis la fermeture des mines. Un village en ruine dans une contrée désindustrialisée, où l'on ne trouve ni travail, ni bonheur et dans lequel les maisons se vendent pour des pacotilles. Il y a quelques choses de profondément tragique à regarder ces gens dont les parents se sont battus pour la cause des travailleurs, et qui aujourd'hui vivent avec l'amer gout de la défaite. A croire que la lutte aussi a été délocalisée dans les pays du tiers monde, pour ne laisser que la rancune, le ressentiment et la misère.
Et puis, dans ce contexte de désespoir, de lutte dépassée, on essaye de décortiquer ce qui peut s'y passer quand de nouveaux arrivants pointent le bout de leur nez. Entre racisme, solidarité, trahison et amitié, les passions se déchaînent et aussi niais que cela puisse paraître, il y a toujours quelque chose de beau à voir des gens qui n'ont rien se serrer les coudes pour faire face au vide de leur existence.
Evidemment que tout ça est traité avec beaucoup de manichéisme, c'est un peu les méchants racistes contre les gentils migrants, néanmoins, étant donnée l'ambiance générale qui règne en ce moment, rappeler les réflexes élémentaires d'humanisme ne me paraît pas non plus délirant.
Un peu déçu tout de même, le sujet est bien choisi mais mal traité, le film n'arrive sûrement pas à la hauteur de son ambition, et c'est bien dommage.