Le vieux chêne, c'est lui, Ken Loach, 87 ans, solidement arrimé à un cinéma social qui ne désarme pas, au côté de son fidèle scénariste, Paul Laverty. The Old Oak, situé dans une bourgade sinistrée du nord de l'Angleterre, ajoute du malheur au malheur, avec l'arrivée de familles syriennes dans l'ancien village minier. Confrontation de deux populations au programme mais surtout solidarité devant la dureté des temps : le programme est annoncé, il comporte peu d"éléments de comédie, cette fois, et pour cause, mais un cœur gros comme ça et une bienveillance sans frontières que l'on estimera naïve, ou pas. Le cinéaste n'a pas perdu la main, même si elle se fait moins agile que naguère : les scènes collectives sont superbes et sentimentales et ses deux personnages principaux, un Britannique et une Syrienne, sont joliment dessinés. Les autres protagonistes sont moins bien définis, ou quelque peu caricaturaux ou trop peu développés. Ken Loach a fait des films plus prenants et moins simplistes mais il ressort de The Old Oak une espérance d'un monde moins stupide et plus tolérant. C'est de l'ordre de l'incantation plus que du réalisme de l'époque mais cela fait du bien et bien insensible sera celui qui traversera le film sans y laisser quelques larmes au passage. Avec l'illusion que ce n'était peut-être pas encore l'ultime requiem d'un réalisateur dont l'indignation et la générosité nous manqueront.