Ratatouille et Walpurgis

Pour son (premier) passage quasi-obligatoire dans l'anthologie "Masters of Horror", Stuart Gordon adapte une fois n'est pas coutume une nouvelle de Lovecraft, la modernise et livre un métrage d'une heure très réussi à défaut d'être transcendant. L'œuvre dont il s'inspire n'est pas la meilleure de son auteur, vivement boudée à sa sortie par ailleurs, "La Maison de la Sorcière", où un étudiant en physique quantique se retrouve plongé dans une série de rêves le rapprochant malgré lui d'une dimension parallèle.

Ici, même topo : l'étudiant, campé par Ezra Godden (que Gordon avait déjà dirigé dans Dagon quatre ans auparavant), est devenu expert en théorie des cordes tandis que son ami Frank Elwood devient une voisine sexy. À travers une mise en scène certes un brin cheap due au faible budget de la série, dont le rendu des quelques effets visuels peut s'avérer ringard par moments (le rat à face humaine est aussi fidèle à la nouvelle que dispensable à l'écran), le réalisateur américain nous entraîne néanmoins dans une virée fantastique inquiétante et onirique dans l'ensemble maîtrisée et passionnante.

Bien plus sanglant et pessimiste dans son climax que la nouvelle originale, Le Cauchemar de la Sorcière reste une excellente adaptation de Lovecraft, à la fois sombre, angoissante et cruelle, l'un des derniers méfaits du aujourd'hui regretté réalisateur de Re-Animator.