Voici un western très agréable, assez méconnu d’ailleurs dans la filmographie de William Wyler, et qui vaut clairement le détour. Je dirais que le principal atout de ce film est l’antagoniste atypique représenté ici par ce personnage de Roy Bean, le fameux barman qui s’est improvisé juge à la fin du XIXème siècle. L’adversité rencontrée par le héros part donc d’un postulat plutôt original avec cet ennemi haut en couleurs et aussi influent que fou à lier. On assiste alors à une véritable dictature basée sur des fondements absurdes et dont le personnage de Cole Harden (Gary Cooper) va tenter de se dépêtrer. La longue séquence introductive est d’ailleurs plutôt géniale avec cette parodie de procès où Harden s’en sortira grâce à un énorme mensonge, comme si mentir était finalement le moyen le plus approprié pour échapper à la justice et ceci quelle que soit sa forme.
The Westerner est d’ailleurs à ce titre un film qui arbore plusieurs tonalités, l’une sérieuse et l’autre lorgnant davantage vers la comédie. Et c’est un mélange qui fonctionne bien à mon sens et qui contribue à rendre ce western assez atypique et finalement plein de surprises. Le point noir de ce film est sa romance pour ma part, que je trouve assez lisse, convenue et dispensable. Le fil narrateur aurait mérité d’être centré davantage sur la relation entre le personnage de Cole Harden et le juge car elle avait suffisamment d’enjeux et de matière avec ses faux-semblants et ses jeux de mensonges et trahisons. Bon après ce n’est pas non plus la catastrophe heureusement, d’autant plus que la sous-intrigue fermière qui en découle offre quelques séquences marquantes (la scène de l'incendie par exemple).
Par contre le film dispose d’une autre qualité estimable, à savoir sa forme particulièrement léchée et agréable. La photographie y est absolument sublime avec un Noir et Blanc qui régale la rétine. Et on ne peut pas dire que la mise en scène soit en reste, Wyler offrant quelques plans sublimes et une séquence mémorable dans le théâtre vers la fin. The Westerner n’est pas forcément exempt de défauts car il demeure assez mécanique dans son déroulement mais il arbore tout de même quelques petites idées intéressantes et est très sympathique dans son ensemble. Un western de qualité à (re)découvrir.