J'avais vu ce western au temps de mes balbutiements dans l'univers du 7ème et repéré machinalement trois nuages noirs; Randolph Scott, la mise en scène soporifique et la voix-off. Si je devais le noter aujourd'hui avec mon jugement d'hier ça serait un 2 ou 4.
Mais voilà; Randolph Scott est loin du tâcheron que je me figurais. D'une part parce qu'à l'époque j'avais vu ces westerns en VF (et oui) et que 70% du jeu de Randolph passe par le timbre, le ton et le rythme de sa voix AINSI QUE les dialogues souvent écrits par de bons bougres (comme Burt Kennedy pour le cycle Ranown, entre autre)...au passage, des bougres qui connaissaient la faiblesse de ce type de production et contrebalançaient souvent cela par un certain talent dans l'écriture des dialogues et du scénario -au delà de l'histoire en elle-même, qui je le reconnais sont pas si géniales.
D'autre part, Randolph faut le pratiquer pour l'apprécier -hem-. C'est dire si ne pas faire la fine bouche devant ses films permet, dans l'inconscient, puis consciemment de se mettre à faire des liens entre les films, de trouver remarquables que dans 70% de ses westerns il campe le même type de personnage, sans s’essouffler, ou bien qu'à 50ans passé il fait encore quelques belles prouesses et tiens haut la tête face à la nouvelle génération. Scott se tape une étiquette de 'bis' et 'monolithique', on ne peut pas effacer ces qualificatifs, mais ce n'est pas non plus des insultes...
La mise en scène quelconque fait place à une maîtrise indubitable du langage cinématographique que certains héritiers de quelconques vagues artistiques feraient bien de revoir, si pas étudier.
Quand De Toth veut un pano 270° parfaitement cadré, en bon hongrois il l'ordonne si fort que le chef op s'exécute jusqu'à en perdre tout ses nerfs...et le résultat est là; on sent le travail bien fait et la patte d'un réalisateur. Si Riding Shotgun n'est pas le film qui fait montre de toute la virtuosité du borgne, il n'en reste pas moins caractéristique, spécialement quant à créer une ambiance paranoïaque, malsaine (sans faire dans 'le Carpenter', l'excès) dans la ville où Randolph est mis à mal.
Le GROS problèmes de ce film c'est ce choix de laisser une voix-off qui vient plomber les moments les plus délicats. Elle n'est pas si présente que ça, et au moins la moitié est judicieuse, pour pallier au manque de protagonistes qui ont des interactions avec Scott et renforcer la caractérisation du personnage, son ressenti sur la situation pas banale qu'il vit.
Mais voilà, quand la voix off commence à commenter l'action clairement visible c'est nul...