Ce titre de critique symbolise l'ensemble et donne un aperçu de ce qu'on peut entendre dans ce film dont les répliques sont devenues cultes. Adapté d'un roman d'Albert Simonin, auteur de la Série Noire qui a redéfini le blaze du truand français bien spécifique d'une époque, c'est un polar en forme de comédie, un polar typique d'une certaine époque dans le cinéma français populaire. La forme est celle d'un polar sérieux, mais les dialogues d'Audiard tirent nettement le film vers la parodie et l'humour, et Gabin et Blier mettent parfaitement en valeur ces répliques savoureuses du grand dialoguiste, surtout en y mettant un ton pince-sans-rire du plus bel effet. Audiard a d'ailleurs modifié le roman en donnant une importance énorme au personnage du Dabe tenu par Gabin (noblesse oblige), alors que celui-ci n'a qu'un rôle plus modeste dans le livre.
Septième et dernière collaboration entre Gabin et Blier, ils tiennent presque à eux deux tout le film, et régalent le public dans un festival de répliques qu'on aime entendre ; ceci dit, les seconds rôles sont tous très bons : Maurice Biraud qui joue le rôle du cave, Martine Carol encore belle alors que c'est un de ses derniers films, Ginette Leclerc, Françoise Rosay à la gouaille pertinente, Frank Villard... A noter que c'est aussi le premier film où Gabin incarne un truand retraité, type de rôle qu'il reprendra par la suite assez souvent, notamment dans le Soleil des voyous.
Reflet d'un certain cinéma français nostalgique, ce film est souvent diffusé à la télé, mais c'est toujours un plaisir de le revoir, à condition de le voir en noir & blanc tel qu'il a été tourné, je conseille fortement d'éviter la version colorisée qui a massacré l'image avec des couleurs pétantes. En bon artisan du ciné populaire de qualité, Gilles Grangier a su réunir tous les atouts pour obtenir un bon divertissement en utilisant au mieux le talent des acteurs. Un film qui se savoure comme un vieil album de photos.