Celui-là, c'est une vraie gourmandise pour moi. Des dialogues aux petits oignons, un argot du parfait truand des années 60 qui croque sous la dent, un Gabin dominant qui roule tout le monde, j'en redemande. Peu m'importe alors que l'on voit tout venir et qu'on anticipe la fin, je pense même qu'à aucun moment cette dernière n'est montée comme un twist tant tout y conduit de manière logique.
Le plaisir du rebiffement en question, c'est avant tout le contexte d'une France truande qui regrette son époque glorieuse, symbolisée ici par l'évocation de la fermeture des maisons closes, au grand malheur d'un Blier au meilleur de sa forme qui fait se balader le spectateur dans son palace aux ambiances exotiques diverses qui rappellent les meilleures heures de ce taulier nostalgique. Gabin qui emménage dans la suite qui avait la faveur des anciens clients de l'affaire, avec lit à baldaquin aux draperies interminables et baignoire en or gigantesque, c'est délicieusement grotesque en plus d'annoncer la couleur de ce caper movie décidément bien plus comique que sérieux.
Il faut dire que niveau personnages dépassés par les évènements, on est servi : du mètre étalon de la connerie et sa conquête qui s'occupe de standardiser la niaiserie, en passant par un banquier totalement dépassé par les évènements qui se fait truander par ses propres associés, la coupe est pleine, n'en jetez plus.
Concernant le cave qui se rebiffe, on comprend vite qu'il ne pourra jamais concurrencer la bêtise de ses commanditaires. Dès lors, on se régale de voir Gabin tourner la tête de tout ce joli parterre d'idiots réunis.