Mike Newell est le prototype même de ces cinéastes dont on dit qu'ils sont de bons artisans quand ils disposent d'un excellent scénario (Quatre mariages et un enterrement) et parfois de tâcherons quand le matériau de départ ne vaut pas le voyage. Il y a un certain potentiel dans Le cercle littéraire de Guernesey, des épluchures de patate, du gin et du patriotisme, entre autres, mais le cinéaste ne rend guère captivante cette évocation de l'Occupation allemande de Guernesey, pourtant rarement montrée au cinéma. Dans le film, elle est présente dans de multiples flashbacks mais n'est que le prétexte à raconter une histoire follement romanesque qui a ses prolongements après-guerre. Où elle se superpose avec un nouvel épisode sentimental qui ne brille guère par sa crédibilité et tombe directement dans la mièvrerie avec l'île de Guernesey comme décor de carte postale. A quoi bon être méchant avec un film qui se regarde tout de même sans ennui, pourtant avare en humour British et peu porté sur la flamboyance dans un registre, le mélodrame, qui n'accepte pas la neutralité. Mais hélas, la mise en scène est d'une banalité extrême et l'interprétation, notamment celle de Lily James, est loin d'atteindre les sommets de la subtilité. Le cercle littéraire de Guernesey manque cruellement de profondeur et de densité, confit dans une tonalité surannée, avec semble t-il, pour seule ambition de conter bluette, avec quelques trémolos dans la narration, dans une reconstitution d'époque sans grand éclat.

Cinephile-doux
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2018

Créée

le 15 juin 2018

Critique lue 1.9K fois

9 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

9

D'autres avis sur Le Cercle littéraire de Guernesey

Le Cercle littéraire de Guernesey
Roonie
9

Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous

Avant de commencer, le lecteur doit être averti de trois points. Premièrement, je n'ai jamais lu le livre dont est tiré ce film. Deuxièmement, mes goûts cinématographiques ne sont ni des plus sûrs,...

le 11 juin 2018

7 j'aime

2

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13