(Quelques légers spoils sont possibles)
La guerre a toujours alimenté le cinéma. Les plus grands s'y sont tous essayés : Kubrick (WW1, Guerre du Viet-Nam), Coppola (Viet-Nam), Eastwood (Guerre du Golfe) ou encore Spielberg (WW2) pour ne citer qu'eux, la liste est longue.
La Guerre Froide n'a évidemment pas dérogé à la règle. A l'exception qu'avec cette guerre, le genre se renouvelle quelque peu avec l'essor du cinéma de science-fiction et d'anticipation, deux genres fortement liés. Sans surprise, on retrouve des noms bien connus : Lumet (Fail Safe), Kubrick (Dr Strangelove) ou encore Pollack (The Three Days of the Condor).
Alors que dans les années 50 et au début des années 60 le cinéma soviétique mais surtout américain pouvait s'apparenter à un cinéma de propagande (du moins en parti, c'est aussi à cette période qu'est sorti Singin' in the rain par exemple), les années 60 font évoluer le rapport du cinéma avec la Guerre Froide. Les films de cette époque insistent moins sur les divergences idéologiques qui secouent le monde, et certains n'hésitent pas à montrer les deux superpuissances travaillant ensemble, dans un malchanceux concours de circonstances.
C'est le cas de Colossus : The Forbin Project. Après avoir créer un super-ordinateur, Colossus, les États-Unis ont la fâcheuse surprise de constater que les soviétiques les ont devancé, et cet alter-égo se nomme Guardian. C'est à partir de ce constat que les ennuis commencent.
Les deux ordinateurs vont rapidement s'émanciper des humains et exiger d'être mis en contact. Ils démontrent alors leur habilité en mathématiques (non, non revenez, ça dure pas longtemps promis!) et provoquer l'admiration des chercheurs américains, et en premier lieu le créateur de Colossus, Dr Forbin. Sauf que les choses ne se passent pas comme prévu... Les hommes vont être rapidement être mis de côté par les deux machines, et il est trop tard pour faire marche arrière.
Obey and live. Desobey and die.
Sargent joue habilement entre le côté désespéré de la situation et une certaine forme de légèreté pour les passages entre Forbin (Eric Braeden) et Markham (Susan Clark). La réal' est agréable sans être exceptionnelle, la BO quelque peu futile contraste avec l'ensemble.
Les acteurs sont transparents, à tel point que l'on oublie assez rapidement visages, à l’exception de Braeden et Clark. Les acteurs semblent désemparés, à l'image du Président américain (Gordon Pinsent), qui a d'ailleurs un petit côté Kennedy. Ou alors c'est mon imagination, je ne sais pas trop.
Je ne saurai que conseiller ce petit bijou de SF. Même si certains éléments ont déjà été vus chez d'autres, il n'empêche Colossus est une réussite. Il permet de nous interroger sur l'Intelligence Artificielle et sur la relation que les humains ont avec celle-ci. Colossus aborde des thèmes plus variés qu'il n'y parait, aussi bien la question du contrôle que nous avons sur la technologie, que de savoir si une autre entité que l'Homme puisse penser par elle-même, etc.
En somme, un très bon thriller d'anticipation qui mérite le coup d’œil.