Sur un scénario de Wu Nien-Jen, co-scénariste de La Cité des Douleurs (1989) de Hou Hsiao Hsien, Song of the Exile pourrait s’assimiler à l’œuvre du taïwanais. Les deux films se rapprochent notamment dans cette façon de raconter une famille emportée par la grande Histoire qui se joue. Mais si Hou Hsiao Hsien ancrait son récit à Taïwan, Ann Hui, elle traite des relations d’une mère et d’une fille qui connaissent l’exil chacune à leur façon. Au gré de l’histoire qui semble se répéter, la cinéaste hongkongaise narre un récit qui prend racine après la Seconde Guerre Mondiale jusqu’aux années 70. Elle nous emmène de la Grande-Bretagne à la Chine en passant par Macao, Hong Kong et le Japon. A travers plusieurs flashbacks qui s’immiscent parfaitement à la narration tout en pudeur, Ann Hui met en parallèle ces différentes époques tout en retranscrivant les différences culturelles existantes. Ces époques se superposent, se répondent et nous montrent notamment l’évolution des mœurs chez les femmes. Si la mélodie qui se joue se veut douce, elle s’avère également dure à l’image des relations qu’entretiennent Hueyin et sa mère Aiko. Toutes les deux connaissent le déracinement et un profond ressentiment l’une à l’encontre de l’autre. Cette incompréhension permanente, et ce, depuis la tendre enfance du personnage interprété par Maggie Cheung les amènera à rechercher leurs racines, cet héritage si douloureux participant à leur identité.
Se jouant comme une mélodie suave faite de nostalgie âpre, Song of the Exile s’inscrit comme un grand film sur les relations tendues au sein d’une même famille mais également un regard sur le déracinement et la diaspora de ses membres. Une poésie cinématographique de l’intime, sublime, mise en scène avec délicatesse.
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