Le Chant de la forêt - Mavka par Nwazayte
Yuri Illyenko ne parle pas nécessairement à tous les cinéphiles. En fait, il est surtout célèbre pour être le chef-opérateur des Chevaux de Feu de Paradjanov, chef d'oeuvre absolu du cinéma ukrainien (qui ressort demain en salles pour les parisiens, l'occasion de le (re)découvrir). Mais il a également eu une carrière de réalisateur en Ukraine, avec beaucoup de films dans le style esthétique des Chevaux de feu. J'avais déjà vu la Nuit de la veille de la Saint-Jean de lui qui était une bombe d'esthétisme mais aussi bordélique, et un peu chiante il faut bien l'avouer.
Bref, je récidive avec Lesnaya pesnaya (en français le Chant de la forêt) et le style de Illyenko tape immédiatement l'oeil : travail sur des images filtrées, distendues, surexposées pour donner à la photographie un sépia lumineux (dans le style des films récents de Sokourov pour donner une idée), légendes et mythologies ukrainiennes. Tout un folklore et une esthétique alléchants. Bref, je suis un peu tiraillé. Parce que l'exubérance et la folie formaliste de la Nuit de la St Jean a cédé la place à quelque chose de très beau visuellement, mais de très minimaliste. Y a ce côté un peu cheap qui dérange un peu, l'ensemble relevant parfois d'un ésotérisme un peu crétin et hermétique, et surtout assez artificiel. Mais de l'autre côté, Illyenko offre un sacré paquet de plans et de situations sublimes, dans la veine de ce qui restera son chef d'oeuvre (sa collaboration sur les Chevaux de feu).
Mais allez jeter un coup d'oeil à la galerie sur CL, ça vous donnera une idée du niveau esthétique du bazar.