Qui a dit que le cinéma français avait perdu ses couilles. Qui a dit que le cinéma français ne savait plus faire de film de genre? Antonin Baudry, scénariste du plutôt bon Quai d'Orsay sait de quoi il parle. Ancien diplomate, ce touche à tout de la politique et des arts met son expérience au service d'un thriller politique d'une redoutable efficacité. Un premier film magistral!
Dès le début le spectateur suffoque, enfermé dans ces monstres d'aciers à plusieurs centaines de mètres sous l'eau. Tout est anxiogène, angoissant. Les sens oscillent entre une claustrophobie aiguë et un besoin d'air immédiat. Le silence est d'or tout comme les oreilles de François Civil qui détecte les moindres sons dans l'immensité de l'océan. Le son. LE 8ème passager du film. De l'aveu même du réalisateur, il est le protagoniste principal de l'oeuvre. Nos oreilles cherchent, cherchent. Le moindre bruit peut-être fatal... La bande-originale se cale parfaitement sur l'atmosphère paranoïaque émanent des équipages. Puis vient l'erreur. Humaine bien entendu. Le chant du loup résonne, le sous-marin est détecté puis immédiatement traqué. La première séquence du film est un bijou de tension et d'action et qu'importe si certains se moquent quand le sous-marin fait surface, Reda Kateb lance-roquette à la main prêt à abattre un hélicoptère. Des couilles je vous dis!
Le chant du loup fonctionne au poil car c'est un drame géopolitique parfaitement plausible. Une réalité glaçante ou l'on se rend compte que notre quotidien est constamment soumis à la menace atomique. La dissuasion nucléaire à la française ce n'est pas une plaisanterie et il n'y a pas de retour possible. Quatre patriotes ont chacun leur devoir à accomplir, des hommes d'une bravoure hors-norme. Fabuleux Reda Kateb en commande de SNLE. Matthieu Kassovitz, que l'on croyait perdu pour le grand écran est magnifique en amiral autoritaire et éclairé. Omar Sy s'en tient à son rôle de second et c'est lui faire honneur quand on sait l'immense star qu'il est devenu. Quand à François Civil, l'oreille d'or, sa fragilité inonde l'écran. Des personnages sous tension, dans le doute voir le déni. Leur psychologie est finement étudié et on ne sombre jamais dans le manichéisme.
Antonin Baudry donne un nouveau souffle au film de guerre français. Ambitieux, haletant, Le chant du loup peut souffrir de certaines portes ouvertes afin de faciliter des transition scénaristiques ainsi que d'un ralentissement vers le milieu du film. Mais la fin... Et quelle fin. Courage, sacrifice, patriotisme. Pour une fois, le ciné bleu blanc rouge n'a pas peur de porter haut ses couleurs. Très bien documenté, on fait vite corps avec ces sous-mariniers. On ira jusqu'au bout fond des abysses avec eux, prêt à accomplir l'impossible voir l'innommable. Le compte à rebours a commencé et un filet de sueur glacé descends le long de la colonne vertébrale. Alerte rouge!