Un film d'action français. Voilà un terme qui tendait à s'effacer au fil des années. La surreprésentation des comédies beaufs et des pseudo-drames sociaux produits par les chaînes de TV semblaient triompher de toute autre forme d'expression cinématographique en France.
Et là, un peu sorti de nulle part: Le chant du loup.
La thématique à de quoi interpeller: force nucléaire française. Le thème est un brin vintage après les dizaines de films que Hollywood a sorti dans les années 1950-1960 liées aux angoisses de l'Apocalypse atomique de la guerre froide. Mais, si le sujet n'est pas nouveau, qu'il a été beaucoup traité, cela ne signifie pas qu'il n'est plus légitime. Au contraire.
En France, le choix d'un film sur la force nucléaire et sur les SNLE*, c'est neuf et c'est d'actualité.
Pour ce qui est du film en lui même il y a des choses à remarquer. Premièrement, le scénario, bancal à souhait n'est pas plus ridicule que s'il le film sortait d'un studio d'outre-Atlantique.
On remarquera l'hommage à L'Espion qui m'aimait dans le duel entre deux sous-marins et les torpilles qui se dirigent l'une vers l'autre. Mais aussi, on peut y voir un clin d’œil surprenant à un épisode des Simpsons, "Un Homer à la mer" quand D'Orci, se retrouve "torpillé" vers l'effroyable SNLE.
Les scènes d'actions bien dosées, bien rythmées couplées à un gros effort sur le suspense, particulièrement dans les troisième acte permettent de gommer ces ressorts scénaristiques douteux.
C'est notamment ce qui sauve du ridicule total la scène de la frappe au lance-roquette sur l'hélicoptère iranien en début de film.
Il semble aussi important de noter des efforts en terme de mise en scène, surtout sur l'éclairage. Même s'il est assez difficile de se démarquer dans ce domaine quand l'intrique se déroule dans une sous-marin, l'usage de la lumière renforce bien l'atmosphère exiguë et étouffante d'un sous-marin.
Enfin, le film réussit à ne pas infantiliser le public. Pas de visée propagandiste dans ce film, ce serait presque le contraire. Le spectateur se retrouve en immersion dans la marine française, avec ses pratiques, son mode de vie, son protocole et son vocabulaire. Le chant du loup réussit là où Leclercq a failli avec L'Assaut où la mise en scène trop sage, trop peu peu immersive, ses images désaturées avait eu raison de la perception de la situation de danger dans laquelle se trouve les personnages.
*SNLE: Sous-marin nucléaire lanceur d'engins.