Une légère appréhension à l'idée de gâcher mon film du dimanche soir (on a ses petites habitudes) m'a étreint en louant Le Chant du loup, vite évaporée après les premières minutes. Le scénario tient bien la barre, malgré un casting qui gîte ça et là, mais sans voie d'eau irréparable. J'arrête là mes lourdes comparaisons maritimes. Le Chant du loup est un très bon film de suspens et à moins de passer sa vie à pinailler sur des détails ou d'être vraiment commandant de sous-marin nucléaire, les deux heures de film vous paraîtront courtes. François Civil est décidément un des acteurs les plus intéressants de sa génération (voir dans le film de Klapisch "Ce qui nous lie", la scène avec son beau-père dans la cave à vin), et l'écriture du film excelle à mettre en valeur la rigidité des supérieurs militaires (ce n'est pas une critique, simplement leur métier) incarnés par Kassovitz, Kateb, Michalik ou Berteloot, tous les quatre impeccables, même s'ils mettent un temps à "chauffer le moteur", la faute certainement à un réalisateur qui pêche en matière de direction d'acteurs. Alors oui, la trame de crise internationale sera pour certains spectateurs un peu épaisse, oui, Omar Sy est un peu en-dessous de la clique, oui, il manque selon moi quelques incursions dans le contemplatif et la torpeur que doivent éprouver certains marins au long-cours, mais c'est un film de genre et dans sa catégorie, il fait bien le boulot. En revanche, j'aurais des réserves quant à la présence de Paula Beer – charmante mais ne permettant pas au film de s'immerger totalement dans la noirceur. Son absence aurait peut-être permis de faire basculer l'histoire vers une oeuvre dégraissée, austère, flirtant avec l'aridité d'un "Crabe Tambour" ; je refais un peu le match mais quitte à manquer d'air, autant y aller la tête la première et les poings attachés et asphyxier le spectateur par une dernière scène qui aurait pu faire entrer Le chant du loup dans la classe des "mémorables".