Rémi Lange a la foi. Il lui faut tourner coûte que coûte, quelles que soient les conditions, quel que soit le résultat. Il veut raconter des histoires qui lui tiennent à cœur, rendre compte d'identités à la marge, porter témoignage.
Narrant le parcours de Thomas Polly jouant son propre rôle, celui d'un chanteur montant à Paris pour se faire connaître, le film joue la carte du docu-fiction sans pour autant chercher à brouiller les pistes. La captation est brute, les dialogues pas toujours justes, les situations parfois bancales.
Le début n'est pas réussi, tout sonne faux, rien ne va. Il faut pourtant tenir bon. Plus le film avance, plus Thomas progresse dans son voyage initiatique, plus le spectateur s'attache à lui, plus Le chanteur gagne en densité.
Dès l'arrivée de Thomas à Paris, deux séquences viennent donner le ton de ce qui suivra. C'est d'abord la rencontre avec une SDF à grande gueule, Polly (futur nom de scène du jeune chanteur), un moment semblant pris sur le vif, juste et simple. C'est ensuite, alors que Thomas se résout à vendre ses charmes, l'échange avec son premier client qui est d'une absurdité et d'une drôlerie absolues.
La sincérité et l'acharnement sont payants tant le film finit par tenir debout avec fierté alors qu'il avait commencé en total déséquilibre. Cela tient aussi beaucoup à la présence de Thomas Polly dont la conviction est entière. Très souvent drôle, troublant lorsqu'il se travestit, constamment positif, il réussit à "s'interpréter" avec recul, auto-dérision et grandeur.
Même si le film joue avec les codes de la comédie musicale, il n'est pas nécessaire d'aimer les chansons de Thomas Polly pour se laisser séduire par son allant et la légitimité de sa démarche. En construisant pour lui un film inégal mais romanesque et digne, Remi Lange lui fait un beau cadeau.