Dernier film de l'immense Steve McQueen, Le Chasseur lui permet de trouver un rôle qui lui va plutôt bien, celui de Ralph Papa Thorsonn, un chasseur de prime guère adapté dans le monde dans lequel il vit, et devant affronter à la fois le danger de son métier, et les aléas de sa vie privée.
L'acteur décèdera trois mois après la sortie du film, et ça se ressent, on sent que sa doublure apparaît plus que d'habitude et que certains combats manquent de continuité dans les mouvements de caméra pour qu'on ne puisse pas voir le visage de la doublure. Enfin, c'est quand même loin d'être un légume, et montre qu'il en a encore dans le ventre, que ce soit dans les courses ou certains combats.
Sur le fond, ça reste un bon petit film, pas un grand film mais un bon film, assez sympathique, bien mené par Buzz Kulik. On sent que c'est un film pour McQueen, il est presque de tous les plans, et s'il n'est pas là, c'est pour parler de lui. Au final c'est ce qui ressort du Chasseur, avec le recul, il donne l'impression d'être fait tel un testament, et on le voit aujourd'hui avant tout pour McQueen, qui se retrouve dans une intrigue parfois un peu trop vite expédiée mais tout de même efficace, avec des seconds rôles certes guère existant tant ils ne semblent être là que pour servir McQueen.
On notera d'ailleurs quelques petits coups d'oeil sympa, tel Eli Wallach en second rôle, son ex-camarade des 7 Mercenaires ou le fait que l'ancien lieutenant Bullit soit... très mauvais conducteur !
Le Chasseur ne manque pas non plus d'humour, voire d'autodérision, et McQueen est parfait pour ce rôle où il est souvent en décalage avec son entourage. On notera quelques scènes d'anthologie, les deux courses-poursuites dans les champs puis dans le métro, et quelques moments sympa comme l'introduction où McQueen se gare. Les moments de vie privée fonctionne aussi, les parties où l'on voit la grossesse apporte un certain charme et un peu d'humour, et Buzz Kulik sait prendre son temps malgré la courte durée du film, ce qui est aussi appréciable.
Le testament de Steve McQueen, il a eu de meilleurs rôles, mais il s'offre ici une parenthèse en fin de carrière, lui permettant de rester un comédien d'action, tout en faisant preuve d'auto-dérision, dans un film efficace et bien mené.