Dans l'antre du diable...
C'est un film contemplatif avec une sacré absence de rythme qui s'offre à nous sous l'étiquette de thriller. Ca part donc assez mal, mais comme dans le casting, on peut trouver Willem Dafoe et Sam Neill, on prend notre mal en patience. Et curieusement, une magie opère, car on se met à apprécier les détails de son quotidien, les parcours des personnages entourant Martin, et les mystères du coin (bien qu'on se doute déjà que la disparition de l'écologiste n'ait rien d'accidentel, l'intense exploitation forestière des environs entrant souvent en conflit ouvert avec les travailleurs. A moins que ça soit autre chose. De toute façon, on passera une large partie de notre temps en compagnie de Martin seul dans la forêt, qui organise méthodiquement ses battues, et dont les différents petits trucs (camouflage d'odeur, pose de pièges, préparation d'appâts...) comblent finalement le vide de dialogue (c'est ce qui faisait le charme d'un film comme All is lost). C'est alors qu'on se retrouve avec plus rien à dire, et simplement à observer. Quand le talent des acteurs et la beauté du cadre suffisent à remplir l'espace, il n'y a plus qu'à se taire. Dans cette optique, The rover avait été une belle surprise en 2014. Le chasseur n'atteint malheureusement pas un tel niveau (moins violent, moins psychologique, moins intense), mais s'en tire avec assurance, tantôt apaisant, tantôt angoissé, avec ponctuellement ce goût pour la chasse, et une certaine poésie dans le final, tentant d'abréger une spirale de violence entamée depuis déjà des années. Une bonne petite surprise, à défaut d'un film notable.