Bon je l'aurais sûrement découvert tôt ou tard parce que Argento est un de ces cinéastes qu'il me faudra explorer, mais c'est après avoir traîné au Bistro des Horreurs que j'ai décidé de me le choper au plus vite il y a quelques semaines... enfin bon, mon engouement est vite retombé car en le lançant ce soir je ne savais même plus de quoi ça parle, je me souvenais juste que c'est de Argento.


Je dois préciser que je ne suis pas fan de Giallo, du peu que j'en ai vu. Je fus donc surpris d'apprécier le film quand il fut terminé... puis de découvrir qu'il n'est pas très Giallo ce Giallo... héhé, ceci explique peut-être cela ? En tous cas j'ai apprécié l'histoire. L'intrigue policière est un peu longuette et comporte les défauts habituels de ce genre, à savoir des rebondissements un peu faciles et un piétinement de l'enquête un peu trop forcé. Mais en contre-partie on a des scènes génialement étirée. Je pense par exemple à celle dans le cimetière.


C'est aussi grâce au travail de mise en scène que ça marche, il y a une réécriture du scénario par l'image, par le découpage, par le montage. Car si le réalisateur avait bêtement suivi son histoire, ça aurait donné lieu à un thriller banal. Ce qui rend le film si prenant, ce sont ces envolées scéniques qui semblent figer le temps. C'est au fond quelque chose que j'apprécie beaucoup dans un cinéma, lorsque le réalisateur parvient à dilater le temps, à s'approprier un espace, à créer tout un monde par un jeu de plans et une maîtrise du rythme. Ça me fait penser aux films qu'un copain réalise : il peine toujours à instaurer cette échappée spacio-temporelle, il se contente de juste couper et caser un maximum d'idées dans chaque plan. Pour moi ce n'est pas mettre en scène, c'est juste filmer des trucs et les mettre bout à bout. Dans son dernier film, il a tout de même réussi à arrêter le temps à deux reprises : c'est encore maladroit et trop bref, mais ce sont pour moi de vrais moments de cinéma, où il prend son temps pour se consacrer à quelque chose que lui seul a pu voir et a voulu nous montrer.


Soit, pour en revenir au film, j'apprécie le travail de la caméra dans sa globalité : les mouvements sont bien gérés, difficile d'ailleurs de s'imaginer que le bougre puisse tomber si bas de nos jours avec des productions ultra cheap et maladroites. La photographie est également très plaisante, il y a de belles idées. Parfois c'est un peu maladroit, on se demande pourquoi, comme ce passage, toujours dans le cimetière, où l'on adopte le point de vue d'un chat : ça n'apporte rien à l'histoire, même pas de suspense... mais c'est quand même intéressant comme plan.


Les acteurs sont bons aussi. Faut dire qu'il y a de beaux personnages. L'aveugle est vraiment chouette, dommage que sa comparse soit si vite et si longtemps absente du film. Le journaliste est chouette aussi. Les autres aussi. Et les acteurs endossent leur rôle avec facilité et efficacité.Le ton humoristique sied très bien à l'ambiance : c'est un humour parfois assez surréaliste mais discret, comme ce passage ahurissant où l'aveugle fait le guet... La musique est également efficace, un peu expérimentale, étonnante, prenante.


Bref, c'était assez chouette à découvrir ; j'ai pas vu beaucoup de ses films à Argento et celui-ci me donne envie de m'y attaquer ! Mais pour quand ?


PS : je trouve que ça fait vachement penser à du DePalma aussi !

Fatpooper
8
Écrit par

Créée

le 13 déc. 2016

Critique lue 860 fois

5 j'aime

16 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 860 fois

5
16

D'autres avis sur Le Chat à neuf queues

Le Chat à neuf queues
GillesDaCosta
7

Critique de Le Chat à neuf queues par Gilles Da Costa

1287467343Le chat à neuf queues est souvent considéré comme un giallo mineur dans la filmographie de Dario Argento. Le réalisateur lui-même le tient pour un de ses films les plus faibles (no comment...

le 6 mars 2014

10 j'aime

Le Chat à neuf queues
AMCHI
6

Critique de Le Chat à neuf queues par AMCHI

En revoyant ce thriller transalpin je reste sur ma première impression c'est-à-dire bien qu'il y ait une atmosphère particulière, des idées et qu'Argento peaufine son style Le Chat à neuf queues...

le 21 janv. 2015

9 j'aime

Le Chat à neuf queues
Fatpooper
8

Un aveugle fait le guet

Bon je l'aurais sûrement découvert tôt ou tard parce que Argento est un de ces cinéastes qu'il me faudra explorer, mais c'est après avoir traîné au Bistro des Horreurs que j'ai décidé de me le choper...

le 13 déc. 2016

5 j'aime

16

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

120 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

107 j'aime

55