Joan Sfar est un artiste pour lequel j'ai beaucoup d'estime. J'avais déjà adoré son film, Gainsbourg, vie héroïque, et surtout son livre L’Éternel, l'une de mes plus belle lecture de l'année. C'est toujours drôle et touchant, frais, dynamique, et ça met de bonne humeur. Et Le Chat du Rabin ne fait pas entorse à la règle.
Aborder le thème de la religion, c'est toujours très délicat. Deux jours plus tôt, j'avais vu Le Prince d'Egypte, film d'animation des studios Dreamworks, et j'avais été purement choquée par la chanson de fin, qui explique aux petits enfants que tout ira bien tant qu'on a la foi. Je suis sure que les studios Dreamworks n'avaient pas de mauvaises (ou de bonnes, tout dépendra du point de vue) intentions, mais tout de même, c'est extrêmement maladroit. Mais Joan Sfar est un funambule. Il danse sur ce thème, aussi à l'aise qu'avec tout le reste, un sujet comme un autre pour rendre les gens heureux et communiquer un peu d'amour. Attention, je ne dis pas ici que Joan Sfar reste distant et ne donne pas son avis, pas du tout ! C'est critique, évidemment, mais à aucun moment on ne sent telle où telle religion visée. Les méchants, ce sont ceux qui sont extrémistes, quel que soit leur point de vue, et même s'il le sont, tant pis, cela n’empêchera pas les autres de s'aimer. Et même si ça parle d'amour, ce n'est pas niais, à aucun moment. Ce film est en parfait équilibre, loin au dessus de toutes les faiblesses que peut avoir un scénario de film.
Ce qui est étrange, c'est que je n'ai jamais lu les bandes dessinées de notre homme, car j'avais du mal à accrocher à son style de dessin. Et là, à l'inverse, il a suffit à ces dessins de s'animer pour que je les trouves sublimes. Poétiques. En résonance avec le ton du film. Oui, en fait, il n'y a pas meilleur résumé de l'atmosphère que dégage le scénario que les dessins en eux même. Et cela vaut, que l'on parle du visage angélique du petit prince venu de Russie, ou du vieux chat noir et osseux. Ce film est un tout, aussi diversifié qu'harmonieux.
De ce film, je garderais je pense encore longtemps l'image de la rencontre entre les deux religieux. Là où le spectateur a déjà vu mille fois le choc des religions, la guerre des dieux, le grand combat verbal qui fini en grand combat tout court, là même, il n'y a que fraternité et respect. On ne nous sous entend même pas ce qui aurait pu arriver, ce qui aurait du arriver dans n'importe quel autre film. Celui-ci à la particularité de tout faire passer par l’œil naïf d'un chat. Il ne s'étonne pas, lui, que les hommes ne s'entre-tuent pas, et c'est le spectateur qui s'émerveille et s'émeut de voir ces deux hommes adresser chacun leur prière à leur dieux respectifs, dans le soleil couchant, sous l’œil flegmatique d'un vieux chat noir et osseux.
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