Quel dommage de ne découvrir ce film qu'aujourd'hui... Tout est fait pour que l'enfant soit satisfait, tout est pensé pour récompenser les rêves insatiables, en mettant en scène un film basé sur l'histoire d'un chat extra-terrestre. Pourquoi le chat réveille-t-il une sensibilité étonnante chez l'humain restera une question prédominante dans mon esprit, mais il n'empêche que le simple fait de savoir qu'un film "live" estampillé Disney tournant autour d'un chat fut réalisé dans les années soixante-dix m'offrait une joie sensationnelle et une méfiance craintive ! En effet, le chat incarne, selon moi, cet esprit totalement déconnecté du monde, n'ayant que faire des "bêtises" humaines, et savoir que Disney s'était attaqué à ce félin me semblait une idée très intéressante. Cependant, de la méfiance s'installait avant de visionner le film, peut-être en croyant que j'en attends trop d'un film autour du félin... Peut-être envers la peur de voir un film flattant simplement mon empathie envers les chats... Malgré cela, Norman Tokar rend hommage aux films de science-fiction des années cinquante, tout en ajustant la production vers un public plus familial, en rendant les personnages et les situations complètement absurdes, au grand bonheur des amateurs de série B.
Le film débute d'une manière totalement kitsch, avec des effets spéciaux arriérés, mais rappelant des heures où la bouillabaisse hollywoodienne n'utilisait pas encore de manière épouvantable des effets spéciaux surfaits. Ici, nous rentrons dans un univers convivial, sans "démesure", et surtout absurde, comme dit précédemment. Finalement, le film tourne autour de l'absurdité, le titre du long-métrage l'indique clairement, mais cela reste jouissif de voir de voir un docteur conversant avec un chat ! La réalisation est plutôt étonnante par ailleurs. Non loin d'un classicisme assumé, Norman Tokar offre des plans rappelant la grande époque des films d'Ed Wood, avec des cadres rappelant aussi les fameux films fantastiques des années cinquante. De plus, on y croit aux trucages ! La scène du billard, où les boules doivent toutes tomber, n'est pas si ratée au niveau des effets spéciaux, mais elle offre un degré d'absurdité entrainant ! Chaque moment où le chat intervient pour truquer une action est plutôt drôle, dépassant le cadre du rationnel, pour laisser place à quelques sourires. Moments amusants à prescrire lorsque l'on voit les figurants figés par le chat, on les voit bouger pourtant, mais ce "bric-à-brac" devient touchant. Le film est réalisé avec le cœur, et c'est une qualité à noter puisqu'il s'agit d'un véritable hommage à ces "étrangetés filmiques" des précédentes décennies !
L'interprétation reste imparfaite, les acteurs principaux n'y croient pas, mais rien ne vaut la voix de Roger Carel pour le félin ! Je plains quiconque n'ayant jamais entendu sa voix de ne pas rester insensible face à sa voix toujours aussi agréable, aussi burlesque, aussi touchante. Quant à la performance du chat... Il ne faut pas chercher la bête de compétition pour interpréter ce rôle animalier, mais il n'empêche que son air flegmatique et sa jolie tête me plaisent... Peut-être cela me rappelle-t-il les divers chats que l'on retrouvait dans Mon Voisin Totoro de l'ami Miyazaki... Niveau loufoquerie, c'est rare de voir l'armée aussi moquée dans une production Disney. Par exemple, qui ne verrait pas dans les derniers Marvel, dans les mains de Disney, un penchant militariste envers l'US Army ? A contrario des délires de Kevin Feige, on voit dans la quête du chat une moquerie totalement déjantée envers l'armée américaine ! Les militaires passent pour des bleus, pour des décérébrés, pour des anti-soviétiques aliénés, provoquant divers rires autour de cette caricature pas si fausse... Malgré cela, on reste contraint de voir dans l'interprétation un manque d'envie, une tendance à se ridiculiser encore plus, alors que la modestie semblait peut-être de rigueur lors de certaines scènes.
Autant au niveau musical qu'au niveau technique, nous sommes face à du classicisme peu resplendissant, nous pouvons même être nonchalant si l'on s'y attarde trop dessus. Reconnaissons tout de même que les scènes finales dans les airs sont étonnantes par leur fluidité. Ainsi, certains plans sont réalisés en fond vert, et d'autres sembleraient l'être en décor réel, ou sinon est-ce vraiment bien truqué là aussi... Question décor aussi, ce n'est pas non plus très grandiose, offrant beaucoup de platitudes et de superficialité autour des acteurs. De plus, on ressent un film trop industriel par moment, certains décors correspondent trop à une mise en scène dans des studios sans grandeur, à la manière de Death Wish 3 avec Charles Bronson dans un faux New-York londonien ! La bande originale a le mérite de participer à l'ambiance cocasse et absurde du long-métrage, mais elle a aussi la tristesse de n'être qu'un pastiche oubliable dans la construction du film, elle n'est qu'accompagnement ici... Même sans musique, cela n'aurait peut-être rien changé... Il reste ce côté bien kitsch, toujours aussi comique, avec l'espèce de vaisseau spatial ressemblant davantage à une coccinelle mutante, ou bien même la scène du billard, ainsi que les séquences avec l'armée ! Fort heureusement que ce côté reste présent, le film en profite pour devenir un bon petit divertissement bien plaisant ! Cela découle sur un film à découvrir pour retomber en enfance ! Hélas, le plaisir n'est qu'éphémère...