Pour qui n'a pas vu les tribulations animées d'Edgar de la Cambriole, difficile de se prendre de curiosité pour ses adaptations en films d'animation, telle que sa seconde : Le Château de Cagliostro ; néanmoins, collez y Hayao Miyazaki à la réalisation et voici que l'intérêt pointe le bout de son nez.
Un intérêt double en l'espèce, dans la mesure où il s'agit là du tout premier long-métrage (1979) du plus fameux des cinéastes d'animation japonaise, mais quelle place peut bien occuper ce volet dédié aux aventures de Lupin III au sein d'une filmographie reconnaissable entre toutes ?
Dans cet ordre d'idée, Le Château de Cagliostro s'apparente en effet à l'oeuvre la moins "Miyazaki" dans son essence, s'agissant là à juste titre d'une version fidèle d'un support original ; pour autant, outre sa qualité de divertissement fort plaisant, le film n'est pas qu'une banale transposition sur grand écran, celui-ci incorporant des éléments référencés renvoyant au style d'Hayao.
Sur ce point, ce que l'on note surtout consiste en un univers visuel rappelant fortement Le Roi et l'Oiseau, Le Château de Cagliostro s'avérant truffé de hautes tours inaccessibles, de passages secrets, de pièges et trappes en tous genres, une garde de l'ombre insaisissable... le tout sous la férule d'un odieux et tyrannique Comte de Cagliostro.
Un ensemble très intéressant en somme, agrémenté de quelques invraisemblances excusables et d'un humour bon enfant faisant mouche, Edgar et ses comparses se voulant d'autant plus fort attachants ; par ailleurs, le néophyte peut plonger sans crainte au sein de son quotidien fou-fou, tant le récit simpliste mais plaisant facilite l'immersion tout en introduisant avec efficience ses divers protagonistes.
Assurément, Le Château de Cagliostro est bien en peine de pouvoir égaler les titres majeurs rattachés à Miyazaki, mais il faut lui reconnaître de franches bonnes idées et quelques variations de ton bienvenues ; dommage à présent que celui-ci soit léger dans sa globalité et que des longueurs criblent sa trame, trame qui se veut d'ailleurs davantage sympathique que véritablement passionnante.
Un Miyazaki tenant de l'ovni au regard de la filmographie du cinéaste en résumé, mais on ne saurait le réduire à une simple adaptation de série animée en film d'animation, tandis que le divertissement lui est pleinement assuré au gré d'un rythme trépidant et d'une animation déjà savoureuse.