Il est difficile de ne pas penser à Akira Kurosawa lorsque l’on évoque le cinéma japonais ou bien des films de samouraï. Le Château de l'araignée fait partie de ces films qui ont construit la notoriété du réalisateur de par le monde, se plaçant en pierre angulaire de sa filmographie. La particularité de ce film est l’association presque symbiotique entre cinéma et théâtre. Avec cette adaptation libre de la pièce Macbeth écrite par William Shakespeare, Kurosawa insuffle à son œuvre les codes du théâtre traditionnel japonais, le Nô. Ces codes lyriques, avec ses paroles presque chantées et ses pantomimes dansés, donnent au film son caractère dramatique et stylisé.


Perdus dans une forêt à la réputation sulfureuse, les généraux Washizu et Mik tombent nez à nez avec un esprit. Ce dernier annonce alors une terrible prophétie : Washizu va devenir le seigneur du château de l’araignée, mais il sera ensuite succédé par la descendance de Mik. A partir de ce moment, les rouages implacables du destin se mettent en branle, écrasant la volonté humaine d’être maître de sa destinée.


Tourné principalement au pied du mont Fuji, ce décor nimbé de brouillard apporte un aspect onirique au film. Ce brouillard apparaît telle une métaphore de la fatalité tissant sa toile, piégeant les protagonistes qui tentent vainement de s’y soustraire.


Interprétant le personnage de Washizu, l’acteur Toshirô Mifune est, comme à son habitude, virevoltant et caricaturant ses expressions à un degré inégalable. Une des images les plus connues de l’acteur est d’ailleurs tirée de ce film. Il s’agit de celle où Mifune en tenue de samouraï, plaqué contre un mur, regarde avec effroi les flèches figées à ses côtés. La prestation enfiévrée d’Isuzu Yamada dans le rôle d’Asaji, la compagne de Washizu, est tout aussi époustouflante. Son visage semble être un masque tout droit sorti d’une troupe de théâtre Nô. Rarement un couple aura autant crevé l’écran que celui-ci.


En choisissant le Japon du XVIème siècle comme cadre pour cette adaptation de Macbeth, Kurosawa garde l’essence de la tragédie shakespearienne tout en la façonnant. Esthétiquement parfait, la mise en scène est sublimée par un contraste entre ce décor austère et épuré, et ces personnages papillonnants.

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le 26 mars 2017

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Vincent Ruozzi

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