Cloîtrés

Ce film, réalisé par Arturo Ripstein et sorti en 1973, n'est pas mal du tout. C'est l'histoire d'un père qui garde sa femme et ses trois enfants prisonniers dans une grande maison afin de les garder purs en les protégeant du monde extérieur. Évidemment, le film n'est sans rappeler "Canine" de Yórgos Lánthimos, sorti bien des années après mais plus connu. Et ce n'est bien-sûr pas un hasard puisque les deux films sont inspirés d'une histoire vraie survenue au Mexique dans les années 50. Et si le film de Lánthimos jouait autant sur la comédie absurde que sur le drame (ce qui est en même temps la marque de fabrique du réalisateur), nous avons ici une vision beaucoup plus sombre, pessimiste et réaliste de la chose. Nous sommes en effet plongés dans un manoir en délabrement situé dans un pays ne subissant que des pluies diluviennes depuis plusieurs semaines. Si le film de Lánthimos était lumineux, tout en étant froid (notamment grâce à ses couleurs), ici, tout est donc très sombre et morose, à l'image du train de vie des personnages. En effet, en dehors du père, personne ne sort de la maison mais surtout, les quatre personnages vivant avec lui doivent lui obéir au doigt et à l’œil, tout en subissant ses nombreuses crises de colère (des cages sont même prévues afin de punir les plus récalcitrants). Le film installe donc cette atmosphère très oppressante puisqu'à l'image des personnages, nous ne sortons pratiquement jamais de ces décors que nous connaissons par cœur à la fin du film. Seulement, j'ai trouvé le film parfois un peu long ; les longues scènes permettent d'installer cette ambiance particulièrement oppressante mais, d'un autre côté, elles cassent le rythme du film, ce qui est bien dommage ! "Le Château de la pureté" est donc un film tantôt dramatique, tantôt dérangeant voire horrifique par moments mais dont le rythme s'en voit quelques fois essoufflé.