Après m'être retapé La Gloire de Mon Père avec ma compagne, j'avais très envie de revoir le Chateau de Ma Mère, film qui me tient à coeur pour une raison vraiment personnelle.


A l'époque j'avais été voir le film avec ma classe de CM1 ou CM2. C'était une sortie culturelle d'autant plus agréable que le premier venait de passer au cinéma près de chez moi : les deux films sortant à 6 mois d'écart c'était pile le temps pour que les cinémas itinérant de campagne les diffusent.


Ça se voit que les deux films ont été tournés quasiment en même temps, les jeunes acteurs ayant peu changés. On a donc le même type de réalisation d'Yves Robert qui montre qu'il a de la bouteille : il y a quelques plans séquence, j'aime la façon dont il filme Pagnol adulte sans jamais montrer son visage et même dans le montage il y a queqlues effets bien vus.) On a aussi le même déluge au niveau des décors et des costumes (César du costume cette année là) et les mêmes acteurs avec leur accent du sud.


Petit bonus, cette partie marque l'apparition de deux comédiens célèbre : Jean Rochefort en poète alcoolique qui impressionne le jeune Pagnol et Jean Carmet en connard de garde de maison qui abuse de son peu de pouvoir. C'est le seul à ne pas avoir pas pris l'accent, mais au final c'est pas plus mal car ça accentue le côté hostile de son personnage. A noter que Philippe Uchan a eu droit au César du meilleur espoir masculin et qu'on le reverra souvent chez Dupontel. Ha, et il y a Ticky Olgado dans un role tertiaire alors que sa carrière allait décoller la même année grâce à Jugnot et Jeunet.


Le film a tendance à faire de l'emphase un peu sur le drame et on se serait bien passé d'une ou deux scènes qui font un peu forcé (Marcel qui pleure parce qu'Isabelle part, la mère qui est saisie de peur avant d'entrer dans la dernière demeure) et que la musique de Cosma met un peu plus l'accent sur ce côté-ci et j'aurai aimé retrouver le même thème que la Gloire de Mon Père.


Le film est clairement coupé en trois parties :

- Une première avant et pendant les vacances de Noël, où Marcel parle de revenir à la maison de la Treille.

- Une seconde pendant les vacances de Pâques où il tombe amoureux d'une petite gamine du nom d'Isabelle.

- Et une troisième avant et pendant les vacances d'été avec l'histoire du canal.


La partie Isabelle m'est revenu durant le visionnage "ha mais, oui, il y avait ça." Pour le coup, c'était le passage que mes camarades de CM2 reparlaient le plus ("le moment où la gamine elle à la colique, c'était trop drôle.") Julie Timmerman joue un peu faux mais ça donne justement à son personnage le côté hautain parfait. (C'est assez marrant de voir que de tous les enfants acteurs du film, c'est la seule qui a continué de faire carrière.) Pour le coup, c'est une grosse parenthèse sur les désillusions des amours d'enfance et ça fonctionne bien.


Et puis, il y a toute l'histoire du canal de Marseille, qui est LE moment que l'on retient du film. J'ai d'autant plus de sympathie pour ce passage que je jouais le rôle de Bouzigue dans une pièce de théâtre amateur, qu'elle avait été jouée devant la petite fille de Marcel Pagnol et que c'est ce rôle qui a démarré mon envie de continuer à jouer, ce qui a joué un sacré rôle dans mon cursus universitaire et dans ma carrière professionnelle.


J'ai d'autant plus de sympathie pour ce passage qu'il est la concrétisation de nombreuses intrigues présentes depuis le premier film : l'histoire du voyage trop long, la réticence du père instituteur honnête, mais aussi très fier que ses élèves aient réussis, la façon dont la famille Pagnol est soudée. Il y a une sorte d'ode à la magouille ordinaire "celle qui ne fait pas de mal" faites de petite combines de gens qui s'arrangent entre eux et une joie de voir la façon dont la famille Pagnol est plutôt bien perçue par l'incongruité de son passage. (On sent que le propriétaire du premier château est un vieillard désoeuvré qui est content de voir du monde.)


Et puis, il y a comme dans le premier cette façon dont Pagnol décrit une famille ordinaire qui se tient les coudes. Mine de rien, alors que je suis devenu père depuis peu, voir un film où les rapports familiaux sont ordinaires, où la cellule familiale n'est pas vouer à éclater et où le héros est plutôt un bon fils qui a de l'attachement pour son père et sa mère, ça a un côté rassurant.


Et c'est d'autant plus un crève-coeur que

la fin se termine avec la description de la mort de trois personnages : la mère de Marcel, Lily et Paul. Et que les recherches autour de la famille Pagnol montre que oui, ils sont bel et biens morts de cette façon. Ce qui donne encore plus de poid à l'assertion de Pagnol : "Telle est la vie des hommes. Quelques joies très vite effacées par d’inoubliables chagrins."

Au delà de l'anecdote du château racheté par Pagnol (dont on pense qu'elle est un poil inventé par Pagnol, ça ne serait pas tout à fait le même château) qui donne son nom au film, cela boucle vraiment bien le cycle. C'est pour ça que malgré des tentatives d'adapter les deux livres suivant des souvenirs d'enfance de Pagnol, ceux-ci restent anecdotiques.


Autant le dire : le film est aussi bien que dans mon souvenir et j'aime toujours beaucoup. A noter que c'est le film parfait sur la "fin de l'été" et tout ce qu'elle signifie. J'allais lui mettre un 8, mais je vais lui coller un 9, parce que j'ai kiffé le revoir d'un amour bien trop irrationnel.

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le 31 août 2024

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