Il m'est difficile de dissocier la critique du "Château de ma mère" de celle de "La Gloire de mon père" (voir par ailleurs ladite critique). A vrai dire, les ressorts du film sont identiques : nostalgie joyeuse, humour, fraîcheur, et réalisation parfaite.
Le point de moins, c'est surtout dû à Isabelle, qui m'agace passablement, et à un aspect que je trouve un peu plus décousu dans l'ensemble. Mais il y a toujours autant de plaisir à revoir cette enfance merveilleuse du jeune Marcel, brillant et enthousiaste, avec son accent si délicieusement du Sud.
Cependant, pour ce qui est de la grande force de cette oeuvre, il importe de la voir ailleurs que dans le prolongement des légèretés du premier opus, pour la situer dans la tendre mélancolie que nous pousse à ressentir de manière croissante la chère Augustine.
Alors que Joseph, cet instituteur enthousiaste et passionné, mettait son optimisme au centre du premier film et en faisait un hymne à la joie de vivre, Augustine, en figure plus réservée et plus fragile, bien plus fragile, nous émeut dans ce second épisode. Par son lien si affectueux avec son fils Marcel en premier lieu, puis par sa peur récurrente à l'approche du fameux château, et enfin, et de manière si puissante et si tragique à la fois, à la toute fin, lorsque Marcel, grandi, se remémore sa chère mère en revoyant le château tant craint. Une madeleine de Proust, agrémentée de la sublime Valse d'Augustine, la musique élégiaque et enchanteresse de Vladimir Cosma, qui a vaincu la résistance aux larmes de ma prétendue force masculine.
Les dernières minutes de cette oeuvre sont véritablement à mes yeux le plus grand joyau de celle-ci, celui qui la rend si chère à mon coeur de spectateur et d'homme.
Je n'en dirai pas davantage pour ne pas priver mes éventuels lecteurs du bonheur de contempler ce chef d'oeuvre.