Chaque année (ou presque), au festival d'Annecy, sont présentés des films d'animation teen movie japonais, avec des adolescents bêtes à boire l'eau du bain, dans un film dont on aimerait une pointe d'originalité. Si j'ai bien apprécié des films comme 7 Days War ou encore Goobye DonGlee, J'ai souvent eu une pointe de déception car n'ayant jamais vraiment été surpris, ou mis hors de ma zone de confort. Pourtant, il y a bien un réalisateur japonais qui a réussit à me sortir de ma zone de confort, c'est Keiichi Hara avec Miss Hokusaï. Bizarrerie sur une artiste peintre dont chacune de ses œuvres est filmés quasiment comme un rituel, ce film m'avait mis une petite claque qui me faisait espérer une claque d'autant plus grosse à l'avenir. C'est ainsi qu'on retrouve le réalisateur en compétition avec Le château solitaire dans le miroir, et pour le coup, le film sait déstabiliser.
Dès les premières minutes, le film sait instaurer un climat de mal être et de tension en filigrane à travers le quotidien de son personnage principale qui est oppressée par un quotidien qui l'étouffe. Mais plus que le monde réel, c'est l'entièreté du film qui respire d'un atmosphère étrange et déstabilisante quand le film déploie peu à peu son propos de fond, et que les langues commencent tout doucement à se délier. C'est un film sur des personnages en mal être profond, des personnages qui, d'une manière ou d'une autre, étaient amené à se côtoyer et à échanger sur leurs douleurs qui, en fin de compte, peut arriver à n'importe qui. On reconnait certains traits de la réalisation de Keiichi Hara quand, lors d'une scène de mise à mort/suicide, va simuler un effet fisheye qui va distordre les contours de l'image pour avoir une vu subjective qui mette mal à l'aise. Tout comme Miss Hokusaï, on retrouve dans le un style graphique particulier, surtout sur la représentation des personnages figurants ou secondaires qui perturbe dans une forme d'épure et de simplicité assez singulière. Enfin les musiques, très soignés et envoutantes, parfait un film qui interpelle et fascine.
Cependant, on sent une forme de retenu ou à d’atténuation qui rend le film plus accessible, mais impacte aussi sur la singularité du film. Je vous parlais de la patte graphique du réalisateur, assez abstraite et singulière, celle-ci vient à paraitre presque comme des défauts tant le film cherche à approcher une forme de perfection conventionnel graphiquement. On le voit surtout dans le design des étudiants qui cherche à coller au canon de ces étudiants de teen movie japonais que j'aime dire qu'ils sont con à manger du foin car ils ont la principale fonction d'être jeune et idéalisé. Certains design paraissent faux et peu convainquant vis-à-vis de leurs situations car, sans trop spoiler, certains n'ont absolument pas le physique ni l'attitude qui peut transparaitre leurs situations respectives. Cela transparait une volonté d'uniformiser le récit pour que tout le monde puisse l'apprécier, qui vient expliquer certains points qui font tâche tant le film est prometteur et prenant. On est amené à rencontrer des personnages qui partagent un mal être vis-à-vis du contact sociale et qui, par moment, vont adopter des comportements caractéristiques qui leurs font du mal. On a notamment le personnage de la pianiste qui, par moment, va être particulièrement cinglante par ricochet de ce qu'elle peut vivre dans sa vie, et qui ouvre des possibilités de nuances qui ne seront pas exploré outre mesure. On aura beau avoir un personnage qui va tenter de se rebeller, la question ne sera pas tant soulever car, de manière très convenu, le film ne va pas aller s'étendre plus loin qu'il n'est déjà. Cela a pour conséquence d'avoir un scénario qui, malgré certains twist très bien trouvé, n'arrive jamais vraiment à surprendre. Il en reste pas moins un film très agréable et intéressant dans son ensemble, mais parfois trop sage et timide dans ses propositions pour être véritablement marquant.
12,5/20
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