Ma critique vidéo sur Le Château solitaire dans le miroir
Mine de rien, ce nouveau long-métrage d’animation s’était fait assez discret pour sa sortie. Pour dire, la bande-annonce n’a été remarquée que 1 à 2 mois avant la sortie officielle donc difficile d’en parler avant. Mais bon, mieux vaut tard que jamais et la bande-annonce donnait envie de le voir. Mais, comme il n’est pas distribué dans tous les cinémas de France (et même pas dans les gros cinémas) c’était assez difficile de le voir. Sauf si, par chance, il était distribué dans un petit cinéma de ville pas loin de chez vous. Le concept et la bande-annonce donnait plutôt envie mais était-ce bien ? Franchement oui. Ce long-métrage n’était pas une grosse attente mais le visionnage est encore meilleur que ce qu’on pourrait croire. Par contre, cela ne veut pas dire qu’il est sans défaut…
Positif
- Kokoro *(Ami Toma)* est une jeune fille qui ne va plus à l’école à cause d’un traumatisme causé par des filles de l’école et elle reste isolée dans sa chambre sans avoir le courage de sortir. Lorsqu’elle a l’occasion de se rendre au château, elle en a peur (pour des raisons compréhensibles) mais elle est un peu déterminée à trouver la clé pour exaucer son vœu qui réglerait tous ses problèmes (selon elle). Autant reconnaître que cette protagoniste est une très bonne protagoniste à laquelle on s’attache très rapidement et qu’on a envie de soutenir. Kokoro arrive à toucher le spectateur avec ce qu’elle a subi mais aussi à être très attachante rien qu’avec ses premières apparitions.
- Moe est la voisine de Kokoro et elle vient lui apporter ses devoirs malgré qu’elle ne la voit jamais, même à sa fenêtre. C’est un personnage assez discret mais tout aussi intéressant, surtout quand on sait ce qui se passe pour elle en ce moment. En soi, Moe est la première amie de Kokoro mais elle reste intéressante à suivre sans aller jusqu’à être détestable. Surtout qu’elle n’a pas choisi de suivre Sanada et ses copines…
- La Reine Louve est la propriétaire du château, c’est elle qui a réuni tout ce petit monde afin de leur permettre d’avoir l’occasion de formuler un vœu cher. Une hôte assez intrigante mais dont on comprend les véritables intentions avec ce château tout en réussissant à nous surprendre sur certaines choses.
- Le professeur Kitajima *(Aoi iyazaki)* est une femme d’une école alternative qui cherche à aider Kokoro à se sentir mieux. C’est une femme très douce et calme dont on sent la véritable envie de vouloir aider Kokoro et un très bon soutient pour elle quand elle en a besoin.
- La mère de Kokoro *(Kumiko Aso)* est une femme qui ne se rendait pas compte des problèmes de sa fille et qui cherche à se battre pour qu’elle se sente mieux et que les concernées payent pour ce qu’elles ont fait à sa fille. C’est très bien de voir une mère qui écoute les problèmes de ses enfants et qui la soutient dans ce genre d’épreuve, surtout qu’on sent qu’elle fait réellement de son mieux pour aider Kokoro, quelle mère admirable.
- Les autres résidents du château sont très sympathiques et on s’intéresse à l’histoire de chacun. C’est juste regrettable que tout se concentre sur Kokoro alors que les autres sont tout aussi intéressants qu’elle. Au moins, ils sont mieux que les gamins secondaires dans *Les Âmes Vagabondes* car, ici, les personnages ont une véritable histoire pour qu’on s’attache à eux. Après, ce qui est beau, c’est qu’on ne tombe pas dans l’égoïsme d’un personnage du lot qui souhaite avoir le vœu pour lui.
- Le message principal porte surtout sur le fait de savoir surmonter son harcèlement et de réussir à aller de l’avant sans croire qu’on sera toujours seul, ce qui est un très beau message. Le harcèlement scolaire est un fléau contre laquelle beaucoup de famille se battent et dont beaucoup d’enfants sont traumatisés en pensant être seuls. Ce long-métrage leur montre que c’est très difficile à affronter mais qu’il est possible de la surmonter en se battant tout en évitant la solution facile de changer d’école (parce qu’il y aura toujours des gens pour harceler d’autres élèves dans les autres écoles). Même le fait que Kokoro ait réussi a se faire des véritables amis montre que tout le monde ne fait pas du harcèlement. Le seul reproche qu’on pourrait faire au film est qu’on ne montre pas Sanada (la harceleuse de Konoko) et ses amies payer pour ce qu’elles ont fait. Enfin, il faut écouter ceux et celles qui se font harceler à l’école et trouver une solution contre les harceleurs, ce long-métrage arrive bien à nous le faire comprendre et pourrait apporter un espoir. Navré pour ce critère un peu long mais pour une fois qu’on parle du harcèlement scolaire dans un long-métrage d’animation japonais, et pas un mérité comme dans *A Silent Voice* où le protagoniste essaye de se faire pardonner en permanence pour ses actes passés, ce qui est touchant.
Franchement, prenez la séquence où les filles vont frapper à tout va chez Konoko en criant qu’elle doit payer et montrer là à des élèves concernés pour qu’ils prennent conscience de ce qu’ils ont fait. Et encore, ils n’ont pas intégré les réseaux sociaux au long-métrage mais ça serait aussi une bonne chose de montrer que le harcèlement est surtout sur les réseaux sociaux et qu’il faut sanctionner les principaux concernés.
- L’amitié entre les différents résidents du château se fait bien petit à petit. Chacun d’entre eux apprend à s’ouvrir aux autres et devenir un peu plus intime et confiant. On a pas de réelle relation amoureuse qui se créait mais ce n’est pas dramatique car l’amitié qui se développe entre chacun d’entre eux est intéressant, notamment quand ils parlent de leurs problèmes aux autres et montrent une confiance envers quelqu’un qu’ils pensaient avoir perdu avec ce qu’ils ont traversé.
- L’univers se résume à des « élus » qui peuvent se rendre dans un lieu particulier pour les aider à soigner leur harcèlement à travers une sorte d’escape game de plusieurs mois où ils doivent retrouver une clé pour ouvrir une salle et faire un vœu. Ca semble simple dit comme ça mais c’est assez efficace en vérité. Après, les règles de cet univers sont assez bien établis avec l’heure limite et les conséquences si ils désobéissent aux règles.
- Malgré que l’évolution à laquelle on fait le plus attention, c’est Kokoro (parce qu’on se centre sur elle), les autres personnages ont aussi une bonne évolution par rapport à leur rencontre et ce qu’ils ont vécu ensemble dans ce château. Même si ils sont un peu mis de coté, ils restent des personnages avec une belle évolution par rapport à ce qu’ils vécu avant et ce qu’ils vont faire maintenant.
- En terme d’émotion, on ne peut pas nier qu’on arrive à être pris dans le long-métrage au bout d’un moment. C’est un petit peu difficile au début mais plus on apprend à connaître nos personnages (avec une très bonne gestion de la mise en scène et de la musique) et plus on arrive à être touché par eux (d’autres en particulier malgré qu’ils soient un petit peu mis de coté).
- Ceux qui sont victimes de harcèlement et/ou de déscolarisation pourront certainement s’identifier à nos différents personnages. De plus, c’est assez malin de ne pas avoir mis les clichés de rejetés mais plusieurs types de personnages, dont certains qui ont l’air vraiment cool en vérité. Mais le fait de pouvoir s’identifier à eux pourra certainement en aider plus d’un.
- Le long-métrage démarre par la découverte de notre protagoniste qui se rend dans une école alternative tout en voyant qu’elle ne se sent pas très bien. C’est une introduction intéressante qui nous donne envie d’en savoir plus sur la manière dont elle en est arrivée là et ce qu’elle traverse pour être dans cet état.
- En terme de symbolisme, il y a de très bonnes idées. Le château isolé sur une île représentant la solitude que chacun ressent, certains personnages pour nos résidents et même les résidents pour eux-mêmes plus tard. Vraiment, il y a des très bonnes idées de symbolisme dans ce long-métrage.
- On pensait que ça serait très prévisible mais ce long-métrage arrive réellement à nous surprendre sur pas mal de points. Sincèrement, dans la façon dont certaines choses se passent et même dans un des derniers actes, on arrive à être surpris par ce qui se passe à l’écran, et c’est vraiment beau.
- On arrive à être intrigué par ce qui se passe, sur qui sont nos différents personnages et pourquoi y a t-il ce vœu en jeu pour eux. Entre la Reine Louve dont on ignore l’identité et nos personnages dont on ignore pourquoi ils sont là, il y a de quoi avoir une bonne intrigue sur ce qui se passe.
- Les musiques sont magnifiques. La majorité des musiques collent très bien à ce qui se passe et donnent envie de les réécouter en dehors de ce long-métrage, notamment dans les dernières scènes. Mais oui, les musiques sont un gros point positif de ce long-métrage.
- La mise en scène est très soignée dans la majorité des scènes, même si elle se remarque plus dans les derniers actes. En tout cas, c’est une mise en scène très bien travaillée qui arrive bien à nous raconter ce qui se passe sans problème.
- Au début, la tension est moyennement efficace mais elle arrive à se faire sentir quand on voit un peu plus ce que Kokoro a traversé ainsi que les autres personnages. C’est un détail mais ça reste une tension réellement bien travaillée.
- La fin est superbe pour Konoko après tout ça. Franchement, quand on voit cette fin, on arrive à être heureux pour Konoko avec l’évolution qu’elle a traversé et à se dire qu’elle aura enfin des beaux jours devant elle.
- Question animation, hormis un ou deux petits moments un petit peu discutables, il faut admettre qu’elle est assez jolie. La majorité des scènes nous offre une animation plutôt bien travaillée qui est agréable à voir.
- Les différentes tenues de nos personnages arrivent à bien les définir tout en arrivant bien à les définir. Certains personnages ont même un style qui leur vont très bien mais chacun d’entre eux a une tenue efficace.
- Les décors sont superbes. Quel que soit le lieu qu’on voit dans ce long-métrage, on y trouve des décors travaillés et convaincants pour le spectateur.
Négatif
- Un des plus gros défauts de ce long-métrage est le centre de l’attention qui se concentre trop sur Kokoro. Attention, Kokoro est un très bon personnage auquel on s’attache, c’est juste qu’elle vole plus d’intérêt aux autres alors que chacun d’entre eux aurait été intéressant à suivre. Bon, ça se rattrape un peu dans les derniers actes actes avec les flashbacks où on apprend à mieux connaître chacun d’entre eux mais c’est tout de même dommage de ne pas s’être assez attardé sur eux, surtout Aki. Ce n’est pas grave non plus, mais c’est tout de même regrettable. Malgré ça, on arrive quand même à s’attacher à eux, c’est juste que les scénaristes ont mis Kokoro en avant.
- On sent que l’animation a été un petit peu ralentie dans certaines séquences, notamment quand la reine Loup tient Kokoro qui a essayé de s’enfuir lors de leur première rencontre. C’est un détail mais on sent des légère économies d’animation avec moins d’images dans quelques petites séquences en faisant attention.
- Alors là, ce n’est pas un véritable défaut mais plutôt un regret, pourquoi ne pas avoir jouer sur plus de pièces de ce château ? Quitte à ce que certaines pièces soient liées à l’imagination des personnages concernés ? C’est une petite porte manquée de ce coté là mais rien de dramatique.
- Faites attention à la scène où Kokoro retrouve son miroir brisé. Vous verrez que les morceaux ne sont pas les mêmes entre quand elle le voit pour la première fois et quand elle le voit pour la dernière fois. C’est un détail mais ça reste un faux-raccord visible quand on y fait attention.
- La 3D n’est pas mal faite mais elle a un petit peu de mal à se marier avec l’animation 2D de nos personnages. Après, les décors 3D ne sont pas trop nombreux donc ça peut se pardonner.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Vous l’aurez compris, l’intérêt principal de ce château n’était pas le vœu à formuler (et ça s’est compris avec le fait qu’ils passent beaucoup plus de temps à se connaître et à nouer des liens plutôt que de chercher la clé) mais que des personnes victimes de harcèlement scolaire se retrouvent et comprennent qu’ils ne sont pas seuls. Le vœu est rapidement oublié pour laisser place à nos personnages qui apprennent à se connaître, à s’ouvrir entre eux et à comprendre pourquoi ils sont là. On arrive même à être grandement surpris en voyant qu’ils ne viennent pas tous de la même époque et que c’est pour ça qu’ils ne se sont pas retrouvés lors de leur rendez-vous. D’un autre coté, le choix de chacun a des époques différentes vont avec le fait que le harcèlement scolaire est et sera peut-être toujours là quelle que soit l’époque. En tout cas, le fait qu’ils ne cherchent pas la clé avant plusieurs mois et préfèrent nouer des liens entre eux est une bonne chose pour montrer qu’ils se comprennent et qu’ils ne sont pas seuls.
Concernant le message du film qui se veut de lutter contre le harcèlement et surmonter ses peurs, c’est une bonne chose. Mais si ils l’avaient fait avec Moe aussi, ça aurait sûrement été mieux. Du genre, Kokoro a surmonté sa peur et elle souhaite être là pour Moe et l’aider à surmonter tout ça au point que celle-ci accepte de venir avec Kokoro pour affronter celles qui la harcèlent. Ça aurait donner un message plus percutant et plus beau à suivre pour ceux qui sont victimes de harcèlement dans leur école, surtout qu’on ne sait pas ce que devient Sanada et ses amies qui harcelaient Kokoro puis Moe. Mais j’imagine qu’ils n’ont pas voulu le faire pour garder une dimension réaliste de la chose comme dans notre monde. Enfin, le message reste beau tout en essayant de rester assez réaliste alors on ne va pas s’en plaindre mais ça aurait pu être tellement mieux, même si on est plus heureux pour Kokoro que pour Moe qu’on voit très peu.
Donc, finalement, tout le monde se fait dévorer par un loup de feu parce qu’Aki est restée dans le château et que tout le monde (sauf Kokoro) a été aspiré et emprisonné dans le château. Certains iront la traiter d’idiote en faisant les malins, parce que le traumatisme de son père qui allait la violer pendant que sa mère est absente ne laisse pas de grosses des blessures psychologiques graves peut-être ? Mettez-vous à sa place, le château était le seul endroit où elle se sentait en sécurité et si elle retournait chez elle, elle allait subir cet acte ignoble. Donc oui, elle a enfreint la règle mais parce qu’elle était effrayée pour des raisons compréhensibles. De plus, c’est beau de voir que Kokoro souhaite la sauver avec son vœu et que tout le monde l’aide à revenir, avec le lien qu’ils avaient créé entre eux, c’est une scène magnifique et un pardon mérité. Et puis, comme Aki sera la prof Kitajima qui va rencontrer tout ce petit monde et les aider comme elle a été aidée, c’est encore plus beau.
Est-ce qu’on parle de Sanada ? Cette immonde c*nn*ss* qui s’en ait prise à Kokoro gratuitement tout ce temps pour se moquer d’elle, est partie la harceler chez elle à cause d’un mensonge inventée par ses potes et qui s’en prend à Moe pendant que Kokoro est enfermée chez elle ? Ne pas la voir en dehors des flashbacks est une bonne chose car le pardon ne se serait sûrement pas mérité. Mais surtout, elle ose laisser une lettre à Kokoro pour lui dire qu’elle est prête à l’aider à séduire son ex parce qu’ils ont rompu. Non mais oh, elle ne se fiche pas de nous là ? Après, c’est sûrement pour illustrer le fait qu’elle ne se rend pas compte de ce qu’elle a fait, ou qu’elle s’en fiche et qu’elle a fait cette lettre pour juste pour rattraper sa conscience, mais le spectateur n’est pas si naïf. Certains méritent peut-être le pardon en prenant conscience de leurs actes, mais pas elle, parce qu’elle ne semble pas en avoir réellement pris conscience.
La fin nous dévoile Kokoro qui prend le chemin de l’école avec d’autres élèves et elle finit par retrouver un des anciens résidents du château (celui qui vivait à Hawai à cause de la perte de sa grande sœur, qui était la reine louve, scène très touchante quand elle enlève son masque devant lui) avec qui elle renoue un lien malgré la perte de ces souvenirs et qui vont probablement passer beaucoup de temps ensemble. Cette fin est très encourageante quand on la voit, surtout pour Kokoro.
Au final, ce film d’animation japonais est une très belle surprise à laquelle on ne s’attendait pas et c’est presque triste de voir qu’il est un peu sorti dans l’indifférence. Là où on parle de films comme Suzume ou probablement *Le garçon et le Héron* quand il sortira, celui-ci ne sera probablement pas un de ceux qu’on retiendra le plus et c’est regrettable. On a des musiques magnifiques, une protagoniste attachante et très intéressante, un problème réel avec un bon message sincère à retenir, des décors de toute beauté, une animation très travaillée et de l’inattendu qui fonctionne sans problème avec une émotion qui arrive à faire effet. Après, ça ne nous fait pas oublier le fait que les autres résidents du château sont un peu mis de coté par rapport à Kokoro, que la 3D ne fonctionne pas forcément et qu’on explore pas assez le château. Mais bon, malgré ses défauts c’est un long-métrage qui mérite plus d’intérêt que ce qu’on ne pense alors allez le voir si vous en avez la possibilité. Ce long-métrage n’est peut-être pas aussi beau qu’un Miyasaki mais il a un scénario sincère et très bien écrit qui vaut le coup, notamment pour ceux qui sont concernés par le problème que nos personnages ont.