Déception divine
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le 5 avr. 2018
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Résumé :
Imaginez un moment de faiblesse, où, dans un élan de désespoir cinématographique, vous décidez de visionner "Le chemin du pardon". L'histoire d'un père traversant le deuil se transforme en une rencontre improbable avec une version de la trinité qui aurait pu être conçue par un comité de hippies sous LSD. Le film tente de nous vendre une aventure spirituelle aussi profonde que la pataugeoire d'un jardin d'enfants.
Critique:
Au démarrage, "Le Chemin du Pardon" tente de se parer des atours d'un thriller psychologique avec l'ambition d'un étudiant en cinéma ayant découvert la fonction "montage vidéo" sur son Macbook. Si l'effort mérite une étoile dorée pour la tentative, le film bascule rapidement de "potentiellement visionnable" à "ridiculement pathétique", effectuant un saut narratif si abrupt qu'on se demande si une partie du script n'a pas été perdue dans le processus. Le début, avec ses aspirations de thriller à petit budget, pourrait presque passer pour un divertissement convenable si on le regarde avec un œil bienveillant et après quelques verres. Mais alors, comme si le réalisateur avait eu une révélation divine au milieu du tournage, le film se transforme en une sorte de propagande pour un christianisme version caricature, où chaque scène semble conçue pour être sermonnée plutôt que vécue. Ce basculement donne l'impression d'assister à la mutation d'un canard boiteux en une dinde de Thanksgiving sous stéroïdes – une transformation qui laisse pantois, entre rire nerveux et consternation pure. "Le Chemin du Pardon" ne se contente pas de frôler le ridicule ; il l'épouse, le célèbre, et part en lune de miel avec lui, laissant le spectateur comme témoin gêné de cette union mal assortie. Entre mélange de naïveté et d'idéalisme destiné à une petite famille américaine bien proprette, et des tentatives de réflexion existentielle qui ont la profondeur d'un dessin animé éducatif pour enfants en maternelle. Les moments qui se veulent profonds frisent le ridicule, avec une subtilité émotionnelle d'une finesse comparable à celle d'un marteau-piqueur lors d'une opération chirurgicale.
La trinité, présentée ici comme un trio de guides spirituels bon marché, offre des conseils qui semblent avoir été piochés au hasard dans un livre de développement personnel écrit par un gourou auto-proclamé. L'interprétation est si caricaturale qu'elle ferait passer les apparitions divines de films série B pour des chefs-d'œuvre de subtilité. Quant au protagoniste, son voyage de guérison est aussi convaincant qu'un témoignage d'infomercial pour un blender – on sait qu'il n'y croit pas vraiment, mais il fait de son mieux.
Pire encore, "Le chemin du pardon" tente désespérément de suivre les pas de "The Lovely Bones", mais avec la grâce d'un éléphant tentant de patiner sur glace. Le film transforme un sujet potentiellement puissant en une sorte de purgatoire cinématographique, où le spectateur est condamné à regarder des scènes d'une sentimentalité forcée tellement appuyée qu'elle en devient risible. Les scènes prétendument touchantes s'enchaînent avec la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, arborant des clichés tellement lourds qu'ils feraient presque passer la trinité pour un groupe de thérapeutes en herbe. L'acteur principal, quant à lui, semble tellement perdu sans les CGI d'Avatar qu'on pourrait presque le pardonner de penser qu'une expression faciale est un concept étranger.
Dans une tournure des événements aussi inattendue qu’un épisode de "Twilight Zone", "Le Chemin du Pardon" a réussi l’impensable : rendre les personnages tellement insupportables que, dans un élan de désespoir, j’ai trouvé une nouvelle sympathie pour le gourou Raël. Oui, c’est dire à quel point le voyage spirituel proposé par le film s’est avéré être un chemin de croix cinématographique. Les tentatives maladroites et éhontées de ces guides spirituels de pacotille à écran plat m'ont fait considérer les réunions ufologiques comme une alternative divertissante. Je concède deux étoiles à ce désastre cinématographique, non pas par générosité, mais en reconnaissance de son audacieux mais catastrophique changement de ton – c'est un échec, certes, mais un échec audacieux. Et, parce que dans un accès de lucidité provoqué par la vieillesse ou peut-être par la torture prolongée de ma patience par ce film, je réalise que ma tolérance pour l'absurde s'est améliorée. "Le Chemin du Pardon" n'est pas seulement un film, c'est un test d'endurance, prouvant que, oui, avec l'âge, vient une patience pour le cinéma qui défie toute logique.
Conclusion :
En fin de compte, "Le Chemin du Pardon" ne laisse pas de place au pardon pour sa propre existence. Ce qui aurait pu être une méditation nuancée sur la perte et la guérison se transforme en une farce spirituelle, un produit de masse visant moins à élever l'âme qu'à flatter bassement les instincts. Entre son ton fluctuant et sa moralité à la truelle, le film réussit l'exploit d'être aussi édifiant qu'un discours de motivation par un vendeur d'aspirateurs. Si vous cherchez un chemin vers une quelconque forme de rédemption cinématographique, faites demi-tour maintenant : "Le Chemin du Pardon" est une impasse.
Créée
le 2 avr. 2024
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