Célébration païenne qui s’articule autour d’un chêne majestueux, nourricier et protecteur, deux fois centenaire (Planté en 1810). Avec les plus petits des insectes, les plus gros des mammifères de cette forêt tapissée d’une riche végétation, toute cette vie qui s’articule autour du chêne donne à la voute céleste des airs de chapelle.


Tableau 1. De nuit et de jour, rythmé par les quatre saisons ce tableau sylvestre nous fait découvrir la vie des animaux de cet espace de verdure; de l’écureuil se nourrissant d’un gland au renard à l’affut qui chasse le mulot, du mulot s’organisant dans son terrier inondé par la pluie d’un violent orage à la couleuvre qui glisse dans les herbes, silencieuse, vers sa proie au geai resplendissant de bleu, échappant au long serpent, du pic épeiche avec son bec pointu s’attaquant à l’écorce de l’illustre chêne au baladin, cet insecte patiné de brun clair, aux airs d’extra-terrestre avec sa trompe qui plonge au plus profond des végétaux, de l’humus et de la mousse des arbres, à la chouette effraie sentinelle de la nuit sous la pleine lune qui de ses grands yeux ronds recherche un animal imprudent, nous contemplons attentifs ce bouillonnement de vie jusqu’à voir pousser un champignon en accéléré.


Tableau 2. Le sanglier se frotte à l’arbre frénétiquement puis de son groin tout mignon creuse la terre en quête de racines, se rassasie de glands, fruits de l’illustre chêne, dont tous ici sont friands. Les marcassins testent leur force naissante en de violents coups de têtes pendant qu’une chenille hirsute trace son chemin dans les herbes hautes. Un chevreuil observe et croque la feuille d’un arbrisseau tandis qu’un ragondin s’ébroue au soleil et qu’un crapaud disgracieux tente de gober une frêle libellule. Deux oiseaux se disputent un gland, chacun doit nourrir sa portée qui attend en piaillant. Une colonne de fourmis tracte quelques plumes d’oiseau pour tapisser son intérieur creusé sous la terre pendant qu’un oiseau de proie fond sur un mulot qui détale et se réfugie sous des branchages salvateurs. Un blaireau curieux fait une brève apparition pendant que, plus haut, chante une mésange bleue. Un mille-pattes noir telle une mécanique animale grimpe le long du tronc. Des biches sur le qui vive broutent quelques feuilles, soudain un coup de vent fait bruisser la forêt de mille mouvements, elles relèvent la tête et s’enfuient.


Tableau 3. Voilà tout un manège d’animale poésie qui nous enchante, nous émerveille, accompagné l’été du soleil dont l’ombrage du chêne adoucit l’ardeur des rayons brûlants, quand un orage éclate, les lourdes et violentes gouttes de pluie de feuille en feuille ruissellent. L’automne pare la forêt de dorures enluminées, un dégradé de jaune et de brun embellit l’espace. La neige de l’hiver, de ses lourds flocons fait ployer les branches les plus fragiles. Voici le printemps, tout le monde s’active, sous terre serpentent de blanches racines qui se séparent, se multiplient et plus haut se rejoignent formant tout un ensemble de bizarre géométrie. Un tout jeune chêne sort timidement en un tronc fragile, en branches fluettes et quelques feuilles d’un vert délicat.


Ce film est un grand tableau vivant, animal et végétal, malheureusement gâché par la musique qui l’accompagne. Elle manque d’unité et d’âme car maladroitement hétérogène, on peut se poser la question de savoir si les 2 réalisateurs y ont attaché grande importance. De la musique uniquement classique, symphonique aurait suffi à défaut de quelque chose de plus personnel, de plus original comme dans « la panthère des neiges » et sa bande sonore composée par Nick Cave et Warren Ellis. C’est vraiment dommage certes c'est un bon documentaire mais il y avait matière à réaliser un excellent documentaire


Parlons maintenant de la symbolique du chêne et de son fruit le gland. Le Chêne est arbre sacré dans de nombreuses cultures dont celle des Gaulois. Le Chêne est investi de privilèges accordés à la divinité suprême parce qu'il attire la foudre et symbolise la majesté. En tout temps et en tout lieu, le Chêne est synonyme de force, de solidité et de longévité. Le gland lui fut un temps le symbole du romantisme allemand, en Angleterre il avait le statut d’emblème national. Chez nous est symbole de fécondité chez la femme, de croissance spirituelle, de prospérité, de vérité, de force et de puissance. Utilisé pour la divination dans certaines cultures le gland est aussi le symbole du bonheur et de la bonne chance. Trois glands placés sur le rebord d’une fenêtre de maison protègeraient de la foudre. A noter également que les glands ornent les cordes du chapeau du cardinal.


Ma note : 7,5

Daziel
8
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le 27 févr. 2022

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Daziel

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