John Ford n'est pas un débutant lors de la réalisation du film Le Cheval de fer, puisque il a déjà réalisé une cinquantaine de courts-métrages et films bien avant celui-ci. Pourtant, c'est bien cette oeuvre qui va démontrer tout son talent et qui prouve que le muet était bel et bien capable de grandes épopées, en particulier dans un genre qu'il va sublimer pendant toute sa carrière: le western.
En plus d'une trame historique reproduite avec précision, Ford livre une histoire qui trouve appui dans des personnages arrivant chacun à dégager un fort caractère, et cela grâce à un jeu d'acteur impeccable, en particulier avec George O'Brien, qui s'est surtout fait connaître pour son rôle dans l'Aurore. Tout son talent est déjà démontré ici... Tout les acteurs, jusqu'au moindre figurant (qui étaient des milliers pour ce film!) parviennent à immerger le spectateur sans problème. La minutie dont Ford fait preuve est extraordinaire.
L'autre point marquant du film, c'est bien évidemment les paysages. Les plans magnifiques se comptent par dizaines, et tout le talent qu'un Ford a déployé dans un film comme La Prisonnière du désert 30 ans plus tard par exemple était déjà présent ici. Même les intertitres sont classes comme jamais, Ford n'a négligé absolument aucun point du film... L'ombre des cavaliers indiens s'abattant sur le train est surement un des plans les plus mémorables que j'ai vu dans un film...
Les scènes de batailles entre les soldats et les indiens qui viennent régulièrement ponctuer le film, sont à ce propos excellentes, et Ford arrive à les alterner parfaitement avec scènes humoristiques, scènes contemplatives et scènes impliquant les conflits ouvriers. Il y a même une belle histoire de romance qui s'y intègre, et qui y trouve une grande puissance dans un jeu d'expressions faciales d'acteurs fantastiques.
Au final, n'importe qui n'étant pas allergique au muet devrait se ruer sur Le Cheval de fer de toute urgence... Ce film n'a pas toute la reconnaissance qu'il mérite, il prouve qu'entre L'Attaque du Grand Rapide en 1903 et La Chevauchée fantastique en 1939, il y a eu des grands chefs-d'oeuvre du genre...