En 1923 la Paramount Pictures sortait un western épique : The Covered Wagon qui avait connu le succès. En 1924, c’est au tour de la Fox de sortir son propre western épique et c’est The Iron Horse.
The Covered Wagon relatait l’histoire d’un convoi de pionnier en 1848, The Iron Horse, quant à lui, relate l’histoire de la construction de premier chemin de fer transcontinental. John Ford en est le réalisateur et la Fox lui accorde largement les moyens de faire ce film. Les figurants sont très nombreux (indiens, chinois, ouvriers sur la ligne de chemin de fer) ainsi que les animaux (chevaux, bétail). Tout ce petit monde s’agite de manière anarchique dans les scènes d’action. On mesure en voyant ces scènes le travail d’élaboration que les films ont fait depuis. Et cependant ces scènes chaotiques ont leur charme, celui de la spontanéité qui fait d’ailleurs contraste avec les passages théâtralisés lors des interactions relationnelles.
The Covered Wagon a clairement pour but de célébrer la grandeur de l’Amérique. La figure de Lincoln est convoquée dès l’ouverture du film, et le film lui est dédié. La jonction des voies de chemin de fer entre l’est et l’ouest a eu lieu le 10 mai, 1869, c’est une date historique et glorieuse de l’Amérique. Les locomotives que l’on voit lors de la scène qui relate cet événement sont les locomotives d’origine : Jupiter et #116.
Tout en racontant la « grande histoire » de l’Amérique par le biais de l’apparition du chemin de fer au milieu de ces contrées désolées, The Iron Horse raconte aussi une histoire à taille humaine, et comme il se doit, c’est bien sûr une romance, doublée d’une vengeance. On voit que la romance est une maladie cinématographique qui est apparue dès ses débuts ! Ici, elle n’apporte strictement rien.
L’humour est également présent : par exemple avec l’histoire du mariage suivi 10h plus tard de la demande de divorce ; ou la représentation très particulière qu’a le juge Haller de la justice et également la séance chez le dentiste.
Le film est un témoin de l’esprit de supériorité des américains, se moquant des indiens (le conducteur de la locomotive) ou réservant le travail dégradant et difficile aux chinois car il ne convient pas « aux blancs ».
Le film est rythmé par la chanson : Drill, Ye Tarriers, Drill-Trip dont les paroles sont affichées. Cette chanson donnait du cœur à l’ouvrage aux ouvriers qui travaillaient sur les voies. Elle fait partie du patrimoine chansonnier de l’Amérique.
Un bémol dans ce film : le personnage de Miriam qui en plus d’être inutile est une vraie tête à claque ! Mais en dehors de cela, The Iron Horse est un ancêtre des westerns plus récents, intéressant à connaître, il nous raconte une page importante de l’histoire américaine.