En faisant abstraction de son l'histoire complètement abracadabrantesque et d'une flopée de bourdes, When Worlds Collide n'est pas un mauvais film du tout. Soit l'histoire d'une planète, la Terre, et d'une étoile, le Soleil, qui rencontre une autre planète Zyra, et une autre étoile, Bellus. Le soleil a rendez-vous avec la Lune, mais la Lune n'est plus là, Bellus l'a explosé et le soleil peut toujours attendre. En effet le sort a décidé que l'astre nouveau, lancé à toute berzingue dans l'espace, allait rencontrer sur sa trajectoire infernale notre planète de plein fouet et la réduire à néant, annihilant ainsi la vie des ses locataires. Le seul espoir pour l'humanité, et pour la faune et la flore, réside dans l'élaboration d'Arches de Noé spatiales et la colonisation de Zyra, en orbite autour de Bellus. Le délai est serré (moins d'un an) et l'Homme est à louvrage pour le meilleur et pour le pire. Des couples se feront et se déferont, des amitiés et des inimitiés se formeront mais toujours à la fin des liens indestructibles se forgeront.
La métaphore biblique est présente à tous les étages : Noé et son arche, Adam et Eve dans leur nouveau jardin d'Eden... Pourtant c'est d'une métaphore plus fine que procède le film bien qu'elle soit marquée par le religion et notamment le verset 11 (à 13) du chapitre 6 de la Genèse : Or la terre se corrompit devant Dieu et se remplit de violence. Dieu regarda la terre, et voici qu'elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre. Alors Dieu dit à Noé: " La fin de toute chair est venue devant moi, car la terre est pleine de violence à cause d'eux; je vais les détruire, ainsi que la terre. [...]). La terre et la chaire corrompue c'est évidemment celle de l'ère du nucléaire et des joies de l'atome et de sa fission dont l'humanité avait découvert les potentialités dévastatrices seulement six années auparavant (le film est sorti en 1951).
Fairbanks junior fut un temps pressentit pour interpréter le rôle principal du film (David Randall) qui échut finalement à Richard Derr. Un mal pour un bien sans doute, malgré le bien que je pense du film. Car en dépit de sa multitude d'invraisemblances, des ses effets spéciaux parfois particulièrement réussis et d'autres fois franchement catastrophiques, de ses défauts scénaristiques (où sont passées les arches construites par les autres pays et le professeur Bronson, père de la découverte de la fin du monde?) et de ses potentialités inouïes non exploitées (d'autres le feront plus tard, à savoir la réaction humaine devant l'imminence de sa fin), on passe un agréable moment qui doit tout au kitsh des années 50.
Le film est l'adaptation du roman éponyme de Philip Wylie qui, avant de tomber entre les mains des du père Pal (alors spécialiste des films catastrophes), traina un temps sur le bureau de Cecil B. DeMille qui n'en fit finalement rien, faute de moyens (il produit néanmoins cette adaptation). Un film qui a ouvert la voie à un certain cinéma catastrophe qui ne porta jamais mieux son nom que lorsque Mimi Leder et Roland Emmerich s'en emparèrent (avec respectivement Deep Impact et 2012). Heureusement des films comme Another Earth ou Melancholia son là pour contre-balancer les deux premiers. Quoiqu'il en soit When Worlds Collide est un film très agréable à regarder et une nouvelle belle surprise des productions Pal.
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