Man is man

J'avais fui ce film à l'époque : d'abord parce que les films avec des mecs en jupette affrontant des monstres ou des Dieux (autrement dit, les péplums), c'est pas mon genre de prédilection, ensuite parce qu'à l'époque je considérait que le bon blockbuster était déjà mort ou presque, enfin parce que Leterrier n'est pas un nom qui donne envie surtout à l'époque. Mais depuis, j'ai entendu quelques personnes dire que ce film est fun et en plus de ça, Leterrier a surpris le monde avec le reboot de Dark Crystal pour Netflix au cours duquel il a exprimé son amour pour les effets anciens, ce qui laisse entendre que le bougre n'est p'tet pas si vilain.

Et c'est une bonne surprise. C'est clairement un film influencé par la trilogie des anneaux de Peter Jackson, mais Leterrier s'en démarque avec une approche peut-être plus sombre : les Dieux sont des gamins cruels, les hommes sont de la chair à pâtée, et ainsi on assiste un sacré massacre, chose que l'on ne voit pas souvent dans un blockbuster où le héros doit triompher sans ambiguïté. Ici, le petit groupe de gentils va se faire décimer sans pitié par des monstres impitoyables. Tout n'est sans doute pas le plus logique ou cohérent, c'est parfois un peu facile, parfois un peu con (genre personne ne pense à fermer les yeux quand Medusa cherche à pétrifier), mais c'est globalement fun.

Fun ne veut pas dire qu'on cautionne la violence. Au contraire, je trouve même ce genre de film bien plus intelligent et anti-violence parce que justement on nous montre les conséquences de cette violence : que de morts. Alors que dans les films de super héros actuels, on a l'impression que les rues et les villes sont vides, que les victimes collatérales sont inexistantes quand un gigantesque monstre défonce tout dans l'espoir de tuer le super héros, et donc le message envoyé est que les conséquences d'un acte violent sont nulles. À cause des films Marvel on pourrait penser que prendre les armes et faire sa justice n'a rien de dramatique ; ici on se rend compte qu'il y aura des sacrifices ; autre détail important, ici il s'agit d'une vraie rébellion et pas juste une simple vengeance ou de l'auto-défense banalisée.

La mise en scène est globalement agréable ; on n'échappe pas aux CGI, blockbuster oblige, mais Leterrier les utilise avec parcimonie (sauf Medusa hélas, entièrement en CGI), ainsi, les effets n'ont curieusement pas trop mal vieilli 15 ans plus tard, mais surtout on se délecte du soin apporté aux décors et aux costumes. Comment ne pas penser rétrospectivement à Dark Crystal quand on découvre les Djinns. C'est très courageux d'avoir imposé cela au studio alors qu'à l'époque déjà on ne se gênait pas pour générer des personnages de sci fi en total CGI. Le casting est chouette. Le découpage et le montage sont globalement corrects mais en terme de combats, on est constamment sur la limite entre le lisible et l'illisible, avec forcément quelques passages où ça devient momentanément illisible ; le fait de rester sur cette ligne de démarcation peut frustrer, car on sent que les combats auraient pu être mieux plutôt que tout juste lisibles. Cela n'empêche pas le réalisateur de proposer quelques plans épiques bien sentis.

Bref, ça se regarde plutôt bien. Je suis un peu craintif par rapport à la suite sortie deux ans plus tard ; ont-ils été aussi radicaux ? Ont-ils réussi à garder des effets à l'ancienne ?

PS : j'ai p'tet mal compris le texte introductif mais les titans, on ne les voit pas dans ce film, n'est-ce pas ? on ne voit que les dieux et le Kraken. Donc pourquoi avoir appelé ça "Le clash des titans" ?

PPS : on peut voir le film comme un projet antiaméricain en fait : les dieux, c'est un peu comme les USA qui veulent mettre leur nez partout dans le monde. C'est aussi un film qui combat la religion en quelques sortes. C'est quand même assez courageux comme projet à notre époque.