Faire de la fiction d'avant-garde rétroactivement est un peu trop facile pour passionner. surtout quand le film est dédié aux pionnières de la musique électronique alors que celles-ci étaient tournées vers l'expérimentation et que l'hommage se tourne vers le commercial...
Ici, dans le monde de la production musicale parisienne à la fin des années 70s, on a vite fait de nous sortir sur un ton intimiste une jeune musicienne qui va "révolutionner la musique" grâce à un heureux concours de circonstances. Le hic c'est que notre génie en herbe nous sort des suites d'accords dignes de Jean-Michel Jarre ou plus récemment, dignes d'Angèle, ce qu'elle propose est très mainstream. Pendant ce temps (1978) d'autres exploraient et avaient exploré la proto techno de manière bien plus intéressante.
L'accent du film est aussi mis sur le statut de la femme face au machisme d'un milieu dominé par les mecs, ce qui n'a pratiquement pas changé, et on a souvent l'impression qu'un dérapage va se produire alors que, non, ce sujet reste en toile de fond. Quand elle rencontre la chanteuse "Catherine" et lui fait comprendre qu'elle crée sa musique sans musiciens, uniquement avec des machines, celle-ci lui retourne en regardant son groupe de glandus "toi t'as tout compris", idée qui a fait son chemin. Elle a la chance de pouvoir utiliser ce studio où trône un énorme synthé modulaire et tout ce dont elle peut avoir besoin en traitement de son et pour s'enregistrer sur bande et se voit confier, grâce à ses beaux yeux féministes, une boite-à-rythme de pointe, précurseur de la série TR de Roland, est donc suréquipée en matériel synchronisé. On est à pied joints dans le monde de la consommation et on peut regretter de ne pas suivre quelqu'une de plus créative!
Le jeu n'est pas spécialement convainquant et parfois emprunté, en manipulant le multi-piste ou simplement en fumant, le copain dj anglais est une grosse caricature de lui-même mais ce n'est pas catastrophique non-plus, le récit est de toute façon peu crédible, une sorte de fantasme et on n'en attend pas grand-chose, il ne se passe pas grand-chose, c'est juste une pseudo-tranche de vie underground autour de chouettes machines pour faire du son. On nous épargne l'heure de gloire et les plateaux télé mais on les sent briller à l'horizon quand arrive, toujours très intimiste, le mot "fin".