Qu’est-ce que la folie ?
Quelle est la frontière avec la "normalité" ?
Quand faut-il soigner ou interner quelqu’un qui a un grain de folie ? Doit on le laisser tranquille, vivre son agitation psychique en liberté, ou l’aider et prévenir une décompensation potentielle ?


Bruno, 50 ans, a publié il y a 20 ans un roman qui a fait sensation, mais depuis plus rien. Il mène une vie dissolue, drague sur Internet, fait des rencontres sexuelles, le plus souvent sans lendemain, danse seul comme un possédé au milieu de la nuit. Il a du mal à ordonner ses pensées, soliloque sans fin, à la recherche de l'inspiration qui lui permettrait de trouver un thème à un prochain roman ou à une formule choc qu'il pourrait insérer. Il reste le plus souvent cloîtré chez lui, en slip, si bien que ses parents, son ex compagne et son meilleur ami s’inquiètent et se demandent s’il n’est pas "dérangé". Serait-il devenu fou ?
Mais, ses proches ont-ils "raison" de s’inquiéter, ou leur démarche pour lui faire entendre raison et rentrer dans le droit chemin n’est elle pas suspecte ? Son ex ou son meilleur ami n’ont pas l’air plus sensé que lui et s’il est indéniable que Bruno vit dans son monde de manière exaltée et décousue, il ne fait de mal à personne.


Est-il vraiment indispensable de faire appel à une psychiatre (la délicieuse Camille Chamoux, avec ses grands yeux ébahis) pour savoir s’il ne faudrait pas l’aider à faire un break dans un établissement assermenté, avec cure médicamenteuse assortie ?


Après tout, Bruno a peut être simplement besoin de rencontrer une femme qui l’aime et le comprenne. L’amour, cette folie, ne serait-elle pas le remède idéal à cette démence qui le guette ?


En adéquation avec son sujet, le film d’Ilan Klipper navigue entre comédie et drame, sans qu’on sache toujours si ce qu’on voit à l’écran est réel ou le produit de l’imagination délirante de Bruno (superbement interprété par Laurent Poitrenaux). Le montage elliptique répond à sa pensée sautillante et la répétition de certaines séquences nous indiquent que l’on assiste objectivement à ce qui arrive au personnage principal de cette histoire, mais également à son interprétation subjective, qui donnerait ce film relaté de son point de vue.
Comme Bruno enfermé dans son monde intérieur, la caméra ne sort quasiment pas de son appartement. Le ciel étoilé au dessus de la tête* de Bruno est plus le fruit de son imaginaire foisonnant que le paysage céleste de ses sorties nocturnes.


Et des étoiles, on en garde plein les yeux quand on sort de ce petit bijou virevoltant, intelligent, charmant et drôle, qui nous prouve que, quoiqu’en disent certains, le cinéma indépendant français se porte bien.



  • Le titre du film fait référence à Emmanuel Kant, dans La critique de la raison pratique : "Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale en moi."

Roinron
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le 6 juin 2018

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