Il s'agit du remake d'un film de 1941, le Défunt récalcitrant, et non du film de Lubitsch qui porte le même titre français ; ce Ciel peut attendre est la première réalisation de Warren Beatty (en co-réalisation avec Buck Henry), qu'il co-écrit avec Robert Towne et qu'il interprète. Au premier abord, la bourde d'un ange qui se trompe de défunt peut sembler amusante, ça rappelle certaines comédies d'humour noir des années 40. Lorsque j'avais vu ce film en 1978, je l'avais trouvé amusant, et revu récemment, j'y ai vu les défauts que je n'avais pas su voir car étant trop insouciant pour une analyse sérieuse.
Le scénario est bon, l'idée de départ séduisante, mais Warren est meilleur acteur que réalisateur, son film souffre d'un manque de rythme, certains effets tombent à plat, sa mise en scène manque de souplesse, et on se prend à penser ce que ça aurait donné si un spécialiste de la comédie légère comme Billy Wilder par exemple, s'était chargé d'un tel sujet ; ça aurait pu être tout à fait possible, puisqu'il venait de réaliser Fedora en 1977, et il n'arrêtera sa carrière qu'en 1981.
Ces défauts sont rattrapés par le casting 3 étoiles qui est particulièrement jubilatoire : Julie Christie, James Mason (hélas un peu sacrifié), Dyan Cannon (excellente en épouse mordante), Charles Grodin, et surtout un Jack Warden étonnamment drôle. Bon, pour ceux qui comme moi ne sont guère attirés par le football américain, c'est un obstacle à passer, mais retenons quand même que cette comédie fantastique n'est pas désagréable, si Warren fait preuve d'un peu de naïveté, il mélange adroitement poésie et humour, donne un ton plus romantique que dans le film d'origine, parvient à créer une réelle empathie pour son personnage, et fait sourire gentiment avec cette histoire pleine de fantaisie.