Le début des années 70 voit la Hammer changer son fusil d’épaule afin de rester au contact de productions autrement plus audacieuses que les siennes. Plus sanglants, plus érotiques, les films de la firme font un pas de côté par rapport à l’esthétique baroque et flamboyant pour se rapprocher d’un style plus réaliste. En évoluant ainsi, la firme va perdre de sa poésie mais ce Cirque des vampires démontre qu’elle n’a pas pour autant perdu son savoir-faire. Le récit de cette malédiction qui recycle différentes idées piquées ici ou là (de Tod Browning bien sûr à Jacques Tourneur, notamment) est ainsi parfaitement mené, même si, bien évidemment, la Hammer a déjà dit tout ce qu’elle avait à dire et montrer le meilleur de ce qu’elle était capable de faire, voici déjà une dizaine d’années.
Le ton est sordide et les vampires qui nous sont présentés sont particulièrement cruels, ce qui donne une saveur particulière à l’ensemble. Dommage que les effets spéciaux (les chauve-souris notamment, et les morsures) ne suivent pas vraiment cette vraisemblable nouvelle appétence pour le réalisme, notamment avec ses nombreuses scènes dans des décors naturels. Seul point noir du récit, l’épidémie dont il est question au début n’est jamais approfondie, pire elle disparaît totalement au fur et à mesure que l’intrigue se resserre sur le cirque ambulant et ses horribles desseins.
Tout n’est pas abouti, loin de là, les acteurs ne sont pas toujours convaincants, mais on a plaisir à croiser David Prowse sans son costume de Dark Vador et un tout jeune Anthony Higgins en méchant vampire qui se transforme en panthère. Le Cirque des vampires est cependant un des derniers titres sympathiques de la Hammer. Tourné en 1972, il sera suivi d’autres films autrement moins recommandables qui annonceront les derniers feux de la firme.