Cher abonné, Je te dois la vérité.
Car sous le masque de hockey, il se cache une pute. Non, pas une pute, une véritable nymphomane cinéphilique (Non, c'est pas une maladie).Toujours à écarter les cuisses devant un film qui passe à portée, n'importe lequel. Chaque jour, au moins un nouveau dans mon lit. Au moins, quand la chasse n'est pas bonne. J'ai tout essayé : l'amerloque musculeux, le pas finaud mais très beau, le franchouille rondouillard et rigolo, la petite gueule d'allumeur qui me fait fondre, l'intello binoclard, l'écolo aux cheveux gras d'huile de vidange. Tout, je te dis, j'ai même testé de l'étranger, pour voir ce que cela faisait et vérifier si les rumeurs étaient fondées. Voilà, tu sais désormais tout de ma perversion.
Ce soir, je me suis rabattue sur un bobo parigot. Faute de mieux. Il fallait que j'éteigne le feu qui ravageait mon entrecuisse tel le bush australien par 45° en pleine sécheresse. Il s'appelait Le Code a Changé. Prénom banal. Il était timide et pas très entreprenant. J'ai donc pris les choses en mains et lui ai fait sauter les boutons de sa chemise à carreaux de vieux garçon. Je ne sais pas ce qui m'a attiré chez lui. Pas son casting en tout cas, entre Danny Boon et les rois de l'animation de stand de saucisses, Patrick Bruel et Pierre Arditi, mauvais comme des cochons et invraisemblables dans leur rôle respectif. En plus, il a fallu que je lui montre le chemin et que je lui fasse caresser ma peau de ses mains moites. Apparemment, il ne savait pas quoi en faire. Cela devait certainement être sa première fois.
Il a fait longtemps aller et venir sa demi-molle alors que dans un baîllement distrait, je lui disais, pour lui donner du courage, que c'était bon et que j'aimais ça. Je sais qu'il ne faut pas mentir, mais si j'avais été franche, ça lui aurait coupé son envie. Rien n'y a fait. J'ai même failli m'endormir pendant l'acte, c'est dire si c'était ennuyeux et que je n'y ai pris aucun plaisir. L'affaire a duré longtemps et a été pénible, mais après la douche et avoir remballé l'escargot, il avait envie de parler. J'aime pas ça, quand on me parle après l'amour, d'autant que ma déception était grande. A la hauteur de celle où tu te rends compte qu'en plus d'avoir une petite trompette, ton coup du soir est con comme un balai.
Il m'a ainsi bassinée pendant une heure quarante de ses petites histoires, ainsi que de celles de ses contemporains bobos prétentieux et vains, à la vie qui n'intéresse personne et qui croient qu'en en faisant un film, ils diffuseront un message à portée universelle... Tout en descendant des bières (on se console comme on peut), je laissais filer à intervalles irréguliers des "Hum Hum" distraits et des "oui oui" sans conviction. Saoulant et inintéressant, tant son verbiage précieux boursouflé d'importance était dérisoire. Mais cet imbécile n'a pas compris le message et m'a invitée, sur le pas de la porte quand j'essayais de le foutre dehors, à retrouver les connards de sa connaissance dans une soirée danse. Merci, mais non merci, surtout s'ils sont tous du même acabit.
La porte à peine refermée, après une fin qui arrive comme un cheveu sur une soupe rance, je me suis dit que j'avais perdu ma soirée. Mais en fermant les yeux, en m'endormant, je rêvais déjà à mon rendez vous du lendemain, avec deux de mes futures conquêtes : un grand baraqué avec le tour de biceps de Hulk, dont il me tarde de me blottir contre lui pour m'enivrer de son charme sauvage et animal. Il n'a pas l'air d'avoir beaucoup de mots à son vocabulaire. Il s'appelle Avengers : L'Ere d'Ultron, ou un truc dans le genre, je ne sais plus. J'avais bien kiffé son grand frère à l'époque, c'était un bon coup. L'autre, c'est un petit italien court sur pattes. Une Belle fin. C'est une amie qui me l'a présentée, même si elle sait que j'ai horreur des rendez-vous arrangés.
Une grosse nympho, je vous dis...