Une vie intense
Le Colibri, roman primé de Sandro Veronesi (également auteur de Chaos calme), était tellement touffu qu'une adaptation ne pouvait se faire que sous forme de série, un film de 2h00 ne pouvant...
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A quoi tient une vie humaine? Embrasser avec émotion et lucidité les changements et l’immobilité perpétuels. Avec le même appétit et la même magnanimité faire face aux échecs, tenir les attentes et jouir d’une joie vaste et fêlée.
Le Colibri (surnom du personnage principal) du film-fresque de Francesca Archibugi, adapté du roman éponyme de Sandro Veronesi met en scène les beautés des Storia della vita, leurs mémoires éclatées et étirées, leurs temps vibrés, leur qualité de durée entrelacée à de la fulgurance ou de la fugacité.
Disons le tout de suite le Colibri est un film au coeur haut, ardent, un mélodrame très fort qui ne craint pas de nous faire percevoir à fleur de larmes et de chair des passions humaines excessives et cependant universelles. La première qualité du film est cette sincérité, cette manière désencombrée de réticences de nous plonger au coeur de vies fébriles et déchirées par les pertes, les troubles, les mensonges, les fantasmes et les joies.
Le Colibri vibre de toutes ses fibres narratives et s’illumine de tout ce qui constitue profondément les émotions archaïques de toute existence.
Passé, présent, avenir mêlés.
Que ceux qui ne voient dans le cinéma qu’un pur divertissement chargé de les distraire( et au fond de mépriser leur vie) passent leur chemin ou viennent au trois quart assister à l’une des plus belles scènes de cinéma-vie vue depuis longtemps: une scène de jeu où le joueur destiné à perdre gagne et renonce à son gain. Ecouter alors ce qu’il dit. Ce qu’il propose.
Le cinema est toujours au meilleur une proposition, parfois juste une position ou une injonction.
Ici le film de Francesca Archibugi renoue avec le meilleur du cinéma italien: sa peinture néoréaliste prenante et foisonnante, ses sagas familiales déchirantes, sa sophistication ancrée, ses manières d’embrasser avec souffle ce qui nous tord et nous étreint: les obsessions, la peur de la mort et de la folie . L'ensemble fait songer aux Meilleures Années, ce sublime mélodrame des années 2000 traversant le destin de l’anti-psychiatrie.
Nous vivons la storia della vita de Marco Carrera dit le Colibri interprété par le divin Pierfrancesco Favino et elle est riche en tourments, amours de jeunesse idéalisés( Bérénice Bejo delicieuse de grâce), trahisons de l’âge mur, choix et décisions face à l’irrémédiable. Dans ce kaléiodoscope de vies et de destins le montage tout en ellipses vives et fragmentations temporelles véloces donnent à voir l’authenticité d’une mémoire, le tissu d’une durée sans cesse percutée et transfusée par des réminiscences du passé ou des appels de l’avenir.
Ce montage véloce et virtuose perturbe au début pour finalement nous emporter viscéralement dans ces moments d’âme incarnés par un Pierfrancesco favino tout en mansuétude et compassion.
Retrouvez ma critique complète en accès libre ici https://www.lemagducine.fr/cinema/critiques-films/colibri-film-francesca-archibugi-avis-10062233/
Créée
le 13 août 2023
Critique lue 391 fois
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