Avant qu’Yves Angelo en tire un film assez médiocre malgré deux interprètes masculins qui n’ont pas mon entière antipathie mais qui auront passé leur carrière à n’être pas dirigés, le Colonel Chabert a été adapté par l’obscur René Le Hénaff, pas beaucoup plus heureux.


Côté distribution, Marie Bell est moins mauvaise que Fanny Ardant, mais ça se joue à peu. Jacques Baumer est un Delbecq inquiétant comme il sait le faire et Aimé Clariond un Derville acceptable.


Raimu est tel qu’en lui-même, un peu fatigué certes, mais cela colle assez bien au rôle, et il fait ce qu’il peut pour avoir l’air concerné.


Les dialogues non balzaciens sont sans grand intérêt, parfois superfétatoires. Ainsi Delbecq, arrivant chez la comtesse aux côtés de Raimu, dans la calèche : « Nous arrivons chez la comtesse ». Puis, descendant : « Je vais saluer la comtesse ». Enfin, au domestique : « Je souhaiterais voir la comtesse ». Ils sont où là, déjà ? Suis, s’il te plaît.


On perd ainsi un temps considérable avant d’arriver à l’étude des clercs, passage amusant du roman, ici expédié sans ménagement…


Le budget entier passe dans les trente secondes de la reconstitution d’Eylau, ce qui fait qu’il ne reste plus grand chose pour les costumes et les décors de studio, c’est dommage, on aurait préféré l’inverse. Les effets expressionnistes ne sont pas non plus du meilleur goût, on pourrait même se demander sans trop exagérer ce qu’ils viennent faire là.


Le rythme est, comme vous devez vous en douter, totalement erratique, la musique est anodine et parfois hors de propos, et vraiment, vraiment, on perd beaucoup trop de temps dans les couloirs, sans blague, coupe un peu.


Alors, qu’est-ce qu’il reste ? Le texte de Balzac, quand il n’est pas trop sagouiné. Un vrai rôle dramatique avé le costume pour Raimu, c’est fait. Et quelques scènes pas entièrement ratées.


C’est peu, c’est très peu, pour un film qui n’a pas dû trop grevé le budget global du cinéma d’Occupation, à qui il fait la concession de présenter la comtesse Ferraud avant tout comme une bonne mère de famille.


Mais cela suffira en attendant mieux, celui-ci n’étant pas certain d’arriver.

Duan

Écrit par

Critique lue 1K fois

3

D'autres avis sur Le Colonel Chabert

Le Colonel Chabert
DuanerTeuguaf
6

Peu onéreux de Balzac.

Avant qu’Yves Angelo en tire un film assez médiocre malgré deux interprètes masculins qui n’ont pas mon entière antipathie mais qui auront passé leur carrière à n’être pas dirigés, le Colonel Chabert...

Par

le 30 déc. 2018

3 j'aime

Le Colonel Chabert
YgorParizel
6

Critique de Le Colonel Chabert par Ygor Parizel

Adaptation d'un classique de la littérature française de Balzac par un réalisateur habitué à ce type de production. Au niveau artistique, décors, costumes et accessoires on est vraiment dans le ton...

le 29 nov. 2022

1 j'aime

Le Colonel Chabert
Caine78
7

Classicisme modèle

C'est du Balzac, donc forcément assez tragique voire politique. Réalisateur totalement oublié dont il s'agit clairement du meilleur film, René Le Hénaff fait le boulot plus que correctement, donnant...

le 23 juin 2018

1 j'aime

Du même critique

Les Hommes de la mer
DuanerTeuguaf
9

Il y a deux sortes de gens, il y a les vivants, et ceux qui sont en mer.

Peut-être est-ce un goût personnel pour les outsiders qui me fait préférer chez Ford Qu’elle était verte ma vallée aux Raisins de la colère et le Massacre de Fort-Apache à la Prisonnière du désert,...

Par

le 2 sept. 2017

18 j'aime

5

Mon père avait raison
DuanerTeuguaf
9

Qui ne tolère pas la plaisanterie supporte mal la réflexion.

Après avoir vu une quinzaine de Guitry, je le trouvais élégant, spirituel, drôle ; léger, parfois trop, clairvoyant, parfois misogyne, français, parfois parisien. Je le trouvais également, et...

Par

le 1 sept. 2017

17 j'aime

14

Il boom
DuanerTeuguaf
8

Au pied de la lettre de crédit.

Prenant au mot l’expression populaire « les yeux de la tête » (un occhio della testa, soit « un œil de la tête », littéralement) Vittorio De Sica utilise la tradition de la...

Par

le 11 sept. 2017

15 j'aime

7