Si Sergio Leone fait fi de la réalité historique (et ce jusqu'au costume) lorsqu'il met en scène Le Colosse de Rhodes, et ce n'était de toute façon pas forcément son objectif, il propose tout de même un péplum intéressant à plus d'un titre.
Celui qui inaugurera et popularisa le western-spaghetti dès son film suivant, en est ici à son second long-métrage, un film qu'il a pris plaisir à tourner et où il apparaît à quelques reprises en tant qu'acteur parmi les foules. C'est le premier film qu'il a totalement à sa charge et si ça ne saute pas aux yeux, on retrouve quelques aspects qui deviendront typique de son cinéma, à l'image de la duplicité humaine ou tout simplement d'avoir un protagoniste qui se retrouve au milieu d'un conflit qui ne le concerne pas dans un premier temps.
Alors, Le Colosse de Rhodes ne laisse pas un souvenir forcément marquant, il lui manque principalement un souffle, une vision moins académique ou tout simplement l'alchimie que Leone trouvera dans les six films qu'il tournera par la suite. On passera aussi sur quelques passages trop longs et un ensemble qui manque finalement de tension ou d'émotion, mais on a là un film qui n'hésite pas à aller loin, à proposer de grandes scènes, qui tente d'insufler un souffle épique à cette histoire mêlant trahison et révolte.
Sergio Leone démontre déjà tout un savoir-faire, quelques séquences d'actions sont superbes, tout comme la traversée de Rhodes à cheval ou les percées au cœur de la ville ou sur le port. Les personnages sont intéressants, s'inscrivent dans une histoire qui l'est tout autant, avec des péripéties, surtout au milieu du récit, très bien amenés. Leone joue bien avec l'espace et les mouvements de foules, et sublime de somptueux décors. Devant la caméra, l'américain Rory Calhoun est charismatique en Darios, et la jolie Lea Massari lui rend très bien la réplique.
Le Colosse de Rhodes marque la fin du péplum pour Sergio Leone, qui s'en ira dépoussiérer le western par la suite, et c'est avec démesure qu'il dit adieu à ce genre, offrant un film imparfait mais généreux.