Western dans l'eau qui tombe dans le lac. Ou cocu pas magnifique.

On ne sait trop si ce sont ses tendances pro-staliniennes qui ont poussé Serge Nigg (1924-2008) à massacrer à ce point la musique de ce film, mais il rend pénible la vision de ce film décongelé au plus haut point . Gardez la télécommande au plus près de vous : insupportable)

Pire encore que les crins-crins du fils Chabrol (Matthieu) qui s'en inspira peut-être ?

On se demande même si les coupables de ces cacophonies avaient pris le temps de regarder le film qu'ils étaient censés accompagner...

N'était-ce le plaisir de vous faire partager mes mauvais moments, j'ai même failli renoncer à voir ce film en entier, mes voisins excédés par cette musique d'outre-tombe m'y encourageant du reste vivement... Mais le devoir avant tout !

C'était déjà plutôt mal parti pour mon appréciation, mais le tandem Schneider-Trintignant dans le genre mariage de "La carpe et du lapin" m'intriguait au plus haut point...

Paix à leurs cendres, mais elle : aussi froide qu'un iceberg et avec cet accent que je n'ai jamais supporté.

Lui aussi aussi passionné devant elle qu'un ours polaire devant la beauté flamboyante d'un iceberg en train de fondre...

Pardon de révéler un coin de l'intrigue, mais que ce genre de mec soit cocu tient presque de la légitime défense féminine pour une adepte de Cupidon !

Côté scénario, on ne peut dire que Rappeneau (Jean-Paul) ait laissé un souvenir mémorable dans l'histoire du cinéma, tant dans la réalisation que l'écriture. Mais même assisté d'Alain Cavalier qui n'a pas mené cette mise en scène à bride abattue non plus, on ne peut dire . (Pardon, je cède à la facilité mais je n'ai pas pu résister !) C'est son second film, bien hésitant, mais il a cru devoir s'en excuser en implorant la bénédiction de son ancien mentor : Louis Malle, dont le générique du film stipule qu'il a été supervisé par le maître ! Ouf ! Qu'est-ce que qu'on a dû l'échapper belle !

Voici donc une melting-pot de politique, de comédie de boulevard sur fond de polar, tout ça pour attirer le chaland !

Sauf que le récit est taillé de fil blanc, et que Trintignant était certainement plus doué au volant qu'à manier un flingue ou un canon ! Et que Romy dans tout cela apparaît comme une "Marie, couche toi-là" qui n'était pas trop favorable à son image de marque !

Et que par moments, on se croirait dans une pièce de théâtre tant ça manque de rythme.

Heureusement, il y a cette belle DS qui se fait de la pub (méritée) et sert au conducteur, pour que son passager puisse demander du feu pour allumer son clope au voyageur d'une autre voiture voisine... Si, si : si vous ne me croyez pas, vérifiez vous-même ! On ne voit pas trop de que ça ajoute à l'intrigue mais c'est ainsi...

Tout ça est outré, manque de sobriété, de conviction, d'autant plus agaçants que Nigg vous masturbe dans le même temps les tympans avec ses archets de violoncelles et autres bêtes à cordes avec un sadisme, une cruauté de décibels non dissimulés !

Pas une seule seconde je n'ai cru Trintignant dans cette bête assoiffée de meurtre qu'on nous dépeint si maladroitement, dans ce mercenaire tuant froidement, dans ce type prenant sa femme pour son esclave....

Heureusement, il reste Henri Serre qui met un peu de réalité dans cet univers fantasmagorique et comme les femmes aiment ce côté rassurant du mâle, c'est lui qui emportera probablement le cœur de la belle...

L'acteur a aujourd'hui (juillet 2022) 91 ans et semble donc avoir survécu aux bains forcés (glacés) que Cavalier lui a fait subir, au-cours d'un duel digne d'un western water-polo... Il est le seul a avoit tiré son épingle du jeu dans ce récit ténébreux et fait partie de ces comédiens dont on n'arrive jamais à mettre un nom sur son visage, malgré la fidélité du visage...

J'aurais aimé savoir où ont été tournés les extérieurs lugubres du bord de cette rivière.

Autre survivants de ce film : l'ex hippie Diane Lepvrier (encore mineure au tournage) , et le scénariste cité plus haut...

S'ils pouvaient me documenter ?

TV5 Monde le 11.07.2022-