Préambule important : je viens de finir le roman-fleuve d'Alexandre Dumas. Et c'est évidemment une gageure de juger une adaptation cinématographique, à la lumière de l'intrigue littéraire.
Le film en deux parties dure 3 heures, et forcément il faut faire des coupes sèches sur la plupart des fils de l'intrigue, l'essentiel étant de retranscrire l'esprit de l'œuvre, comme l'a excellent bien fait Peter Jackson avec la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Bien sûr les moyens ne sont pas les mêmes, on peut pardonner les grands raccourcis pour faire avancer l'intrigue. Mais ce qui reste impardonnable, ce sont les trahison opérées sur des personnages et des moments clés de l'œuvre-source.
Cela commence avec le capitaine du Pharaon, qui ne meurt pas, mais decide de rejoindre Napoléon sur l'île d'Elbe. Autre félonie : A aucun moment Dantès n'est porteur de la fameuse lettre qui le conduira en prison. Puis on s'aperçoit que Danglars n'est pas au casting, et ses ambitions sont reprises par Caderousse. Le portrait de Fernand est aussi très éloigné du livre, surtout quand celui-ci dit de Dantès qu'il est "son meilleur ami" ! De qui se moque-t-on !? Toute la période carcérale est affreusement médiocre, alors que c'est indéniablement la partie la plus forte du roman. On enlève des personnages mais on en rajoute d'autres, comme Mario le contrebandier, qui accompagnera Dantès chercher son trésor !
Et puis à quoi bon trahir aussi certains détails, juste pour le plaisir de marcher sur l'auteur original ? Pourquoi annoncer que Dantès a fait 17 ans de prison au lieu des 14 du livre ? Pourquoi en faire un évadé, alors que les circonstances littéraires donnent à croire qu'en réalité, il est mort noyé !
Mais l'échec majeur reste ce sentiment de relative indifférence qu'on éprouve face à ces multiples vengeances effectuées au pas de course. On ne ressent pas cette joie malsaine, cette "schadenfreude" une fois que justice est faite.
Bon je vais arrêter là le réquisitoire, mais il fallait souligner cette différence entre contraintes d'adaptation, et détournements incompréhensibles. Le film se rattrape sur les interprétations de Villefort, et de Louis Jourdan, qui interprète un Monte-Cristo plutôt convaincant au regard de l'oeuvre.
Mais définitivement je déconseille de visionner le film juste après la lecture du livre. Il faut en oublier les détails, les disparitions, les substitutions, les trahisons pour peut-être apprécier ces trois heures de visionnage.