Normalement, on devrait suivre avec intérêt l'intrigue romanesque d'Alexandre Dumas, la machination contre Edmond Dantès en sa première partie, puis sa froide vengeance sous le titre de Monte-Cristo dans la seconde. Normalement...sauf que la médiocrité artistique du film d'Autant-Lara finit par avoir raison de ma patience. La nature de l'interprétation, surtout, témoigne d'un certain cinéma, franchement désuet et superficiel, où chacun des personnages est forcément typé, sans nuance et, par conséquent, faux. Au point qu'il me semble que chaque scène nécessite d'être revue et corrigée selon des critères de réalisme humain. Cela parait évident au regard d'une certaine scène, celle où les deux amants trahis, Dantès et Mercedes, se retrouvent après 17 ans de séparation: il n'en ressort aucune émotion tant l'instant est dénué de sensibilité et de vérité.
La seconde partie du film devient quasiment soporifique. Pour signifier son amertume et sa détermination vengeresse, Louis Jourdan se croit obligé d'user d'une voix caverneuse et de grossières allusions. Dantès, avec emphase, fourbit les armes légales et malines de sa vengeance et le châtiment des traîtres sera théâtral pour ne pas dire grotesque.
Le film est long à tout point de vue, agaçant et pénible comme la plus commune "qualité française" dénoncée par Truffaut.