Très inférieur à la série de 1979 par Denys de La Patellière

Vouloir adapter un tel roman dans un film (même de 3h) est un pari très risqué, pour ne pas dire franchement casse-gueule... et là, ça ne loupe pas, plouf : même la scène du sac qui tombe à l'eau, tellement expéditive que l'effet est (encore plus !) invraisemblable, digne d'un cartoon des Looney Tunes de la même époque.

En plus d'être expéditive, simplifiée et tronquée, cette version présente un peu trop d'infidélités au roman (et d'ajouts inutiles, comme les apparitions successives de Louis XVIII puis de Napoléon, puis de Louis XVIII à nouveau, grosse caricature de la valse des régimes) pour être appréciée.

Plus dérangeant est l'absence totale de passions ; l'émotion bannie de la mise en scène et du jeu de quasiment tous les acteurs. Du coup, toute la pièce montée de la vengeance (soigneusement élaborée au fil des années, dans le roman) perd complètement son intérêt, avant de se flanquer par terre, comme une crêpe. La deuxième partie surtout, donne l'impression d'un passage en TGV, au lieu d'une croisière tourmentée mais savoureuse. A quoi bon ?

Malgré son élégance, Jean Marais ne dégage pas grand-chose avec ce personnage. Il n'y a qu'à comparer sa prestation avec la très bonne interprétation de Jacques Weber dans la série de 1979. Ici on assiste à un défilé de personnages sans relief, vite joués ou mal joués, aussitôt vus, aussitôt oubliés (hormis peut-être celui, plus convaincant, de Caderousse (Daniel Ivernel). C'est d'autant plus dommage que les costumes, eux, sont superbes, et la scène entre Edmond et Mercedes, sous les arbres, était un début prometteur.

Bref, Monte-Cristo pour une série, oui. Pour un film, non.